L’allume-cigare

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Tout le monde le sait, tout le monde le dit: le Conseil d’Etat, depuis les premiers jours de la crise sanitaire, en mars, a pris beaucoup trop de pouvoir à Genève. Directives, ukases, puissance d’une bureaucratie sanitaire à laquelle nul ne semble s’opposer, conférences de presse où le pouvoir exécutif, sans appel, a pris l’habitude de délivrer ses décisions, sans le moindre antagonisme en face, parlement en veilleuse, opinion publique patiente ce printemps, beaucoup moins cet automne.

Cette situation ne peut tout simplement plus durer. Regardez-les, ces conférences de presse, où des conseillers – et conseillères – d’Etat nous font la leçon, à nous le peuple souverain, nous parlent comme des régents, ou des maîtresses d’école, nous tapent sur les doigts, nous infantilisent. Et personne, en face, pour les contredire!

Personne, et surtout pas le parlement! Il s’est refusé à lui-même les moyens de contrôle que certains de ses membres lui proposaient, notamment des commissions d’enquête. Nos députés sont bien gentils, mais il faudrait peut-être leur offrir à chacun L’Esprit des lois, de Montesquieu. Leur rappeler que les pouvoirs sont séparés. Que le contrôle de l’action du gouvernement constitue pour eux une mission obligatoire, au nom du peuple, et non une option, comme un allume-cigare dans une voiture neuve. Trop de députés, sur les 100 du Grand Conseil, semblent ignorer l’essence même, depuis la fin du XVIIIe, de leur chambre. A nous, le peuple souverain, de le leur rappeler. Avec une certaine férocité.