L’apocalypse climatique produit surtout du brouillard!

Attention à l’enfumage généralisé! A force de mettre en avant, de façon obsessionnelle, le seul thème climatique, on laisse dans l’ombre les vraies questions qui préoccupent les Suisses. Les fédérales 2019 méritent mieux.

  • A qui profite l’enfumage électoral généralisé? 123RF/IONUT ALEXANDRU COMAN

    A qui profite l’enfumage électoral généralisé? 123RF/IONUT ALEXANDRU COMAN

On appelle cela l’arbre qui cache la forêt. Ces mêmes forêts, d’ailleurs, dont on nous annonçait la mort, il y a trois décennies. Je m’en souviens parfaitement, j’étais déjà dans le journalisme politique, au Palais fédéral. Le thème de la «mort des forêts» avait tétanisé une bonne partie des observateurs, fait parler de lui pendant quelques années, puis il s’était totalement dégonflé! De fait, à l’heure où j’écris ces lignes, en octobre 2019, il me semble qu’il existe encore une ou deux forêts en Suisse, peut-être vous arrive-t-il même de vous y promener.

Rester lucide

L’arbre qui cache la forêt, c’est la mise en avant obsessionnelle du thème de l’apocalypse climatique dans la campagne des élections fédérales du 20 octobre. Non seulement chez les Verts, mais chez beaucoup d’autres partis, dont par exemple le PLR, à la limite du ridicule dans sa conversion de la vingt-cinquième heure à un sujet qui n’apparaissait pas vraiment comme amiral, jusqu’ici, dans sa stratégie politique. Erreur majeure, au demeurant: l’électeur préfère toujours l’original à la copie, la pub du PLR pour le climat apportera des voix aux Verts, et aucune au PLR.

Il ne s’agit pas ici de nier la question climatique. Ni la nécessité de produire des efforts en faveur de l’environnement. Mais demeurer lucides face à l’orchestration d’un tintamarre, cela oui! Ne pas se laisser prendre à des sirènes de fin du monde dont les chants sont soigneusement mis en musique par un certain parti, comme à l’époque de Fukushima (catastrophe nucléaire au Japon) en 2011, à des fins électorales. Ce parti en est un comme un autre, prêt comme les autres à se saisir d’une aubaine pour gagner des voix et des sièges, habité comme les autres par le jeu des ambitions, souvent personnelles, l’attrait du pouvoir. Refuser de voir cela, c’est sombrer dans la candeur.

Paravent aux vraies préoccupations

La vérité, c’est que la mise en avant du thème unique produit avant tout, dans le débat politique suisse, une immense épaisseur de brouillard, qui hélas fait paravent sur les vraies préoccupations de nos compatriotes. Ces dernières sont les primes maladie, la santé, les retraites, la solitude des personnes âgées, la formation et l’emploi des jeunes, la détresse de nos paysans, la strangulation des classes moyennes, le prix des médicaments, celui de l’essence, la surtaxation des PME, le non-remboursement des soins dentaires. Allez dans la rue, discutez avec les gens: c’est de cela, au premier chef, qu’ils vous entretiennent.

Coup des bobos libertaires

Dès lors, à qui profite l’enfumage généralisé par l’exposition excessive du thème climatique? A court terme, aux Verts, évidemment: ils obtiendront sans doute des voix, et des sièges supplémentaires, le 20 octobre. Mais, dans une analyse plus structurelle, il n’est pas exclu que les grands gagnants de ce brouillard d’automne soient ceux qui, dans notre économie suisse, tiennent le couteau par le manche. Et qui n’ont, eux, aucun intérêt à une surexposition du malaise social. En clair, les bobos libertaires auront, une nouvelle fois, montré leur capacité à l’alliance objective avec les ultralibéraux. La cohésion sociale suisse n’en sortira, hélas, pas gagnante.