Le travail est beaucoup trop taxé à Genève!

Regardez votre feuille d’impôts: la principale ponction, et de loin, c’est celle sur le revenu. Donc, sur le fruit de votre travail. Votre sueur! Pour les classes moyennes, elle doit être allégée, d’urgence.

  • Une taxation ahurissante des classes moyennes.123RF

    Une taxation ahurissante des classes moyennes.123RF

Mais pourquoi diable, à l’école, le principe de l’impôt n’est-il pas enseigné? D’où vient l’impôt, quelle est son histoire? Que fut-il sous l’Ancien Régime? Comment a-t-il été transformé par la Révolution française? Comment a-t-il évolué aux XIXe et XXe siècles? Quelle différence entre perception directe et indirecte? Entre l’impôt et la taxe?

Ces questions-là sont non seulement passionnantes sur le plan intellectuel, mais surtout diablement utiles pour éveiller la conscience des futurs contribuables. Ou, tout au moins, des quelque 62% de Genevois qui auront l’honneur de payer l’impôt, près de 38% en étant exonérés, ce qui constitue d’ailleurs un problème, et doit être soulevé, même si c’est tabou.

Nous étouffons!

Bref, la fiscalité, ça nous concerne. L’argent de l’Etat, c’est le nôtre. C’est à nous qu’il le prend pour conduire ses politiques publiques. Et, disons-le tout net, il y a des secteurs où on nous ponctionne beaucoup trop, au point que nous étouffons. Le principal d’entre eux, il suffit de regarder votre feuille d’impôts (si vous n’avez pas la chance d’appartenir aux 38% de dispensés, cités plus haut), c’est celui sur le revenu. Or, le revenu, pour l’immense majorité d’entre nous, de quoi s’agit-il ? La réponse est simple: du fruit de notre travail! Celui de notre sueur. Et c’est là qu’intervient l’absolu scandale déjà maintes fois dénoncé dans cette page: la taxation ahurissante des classes moyennes. Entendez ceux qui ne touchent aucune subvention, aucune aide, ne vivent que de leur travail, ont peur de le perdre, ne sont pas assez aisés pour tenir plusieurs mois sans revenus.

Révolte?

On dirait que les puissances dirigeantes et les assistés auraient passé comme un pacte tacite: en échange de la paix sociale (notre pays a connu de grandes secousses, comme la Grève générale de 1918), on s’entend pour faire cracher au bassinet les classes moyennes. En leur prélevant un maximum sur le revenu de leur travail. Car ils bossent, ces gens-là, et même plutôt dur! Les Suisses sont des travailleurs modèles, très comparables en cela aux Allemands, fiables, honnêtes, compétents, qualifiés.

Mais attention, je vous l’affirme: ces classes moyennes vont finir un jour par se révolter, tellement elles seront écœurées d’être à ce point mises à contribution, sans jamais rien recevoir en contrepartie. Et ce jour-là, dans notre bonne et paisible Suisse de la Paix du travail (1937) et du consensus, ça fera mal.

Equilibres fragiles

Pour ma part, je défends les classes moyennes, bec et ongles. C’est l’un de mes principaux combats dans la bataille des idées, autour de la politique en Suisse. Et les partis, les élus, les intermédiaires, tous ceux qui se targuent de «faire de la politique», ils feraient bien de les défendre, aussi. Car notre prospérité, notre paix sociale, notre qualité de vie en Suisse ne sont pas éternelles. Notre pays repose même sur des équilibres beaucoup plus fragiles qu’on ne l’imagine. Pour que la Suisse perdure, la justice fiscale doit constamment se réinventer. En évitant à tout prix de surcharger une catégorie de contribuables. A terme, cela peut se montrer dévastateur.