A mercredi prochain!

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Lorsqu’un gouvernement abuse de la parole, parce qu’il s’exprime en permanence, son autorité s’affaiblit. Les ineffables «points presse» du Conseil d’Etat genevois, depuis le début de la crise sanitaire, en sont un exemple flagrant.

Singulier exercice, que cette monstration hebdomadaire du pouvoir exécutif, le mercredi après-midi. On y voit, filmés en direct, nos ministres pérorer, se remercier entre eux de se donner la parole, «Merci Madame la présidente», «Comme l’indiquait fort justement mon préopinant», et autres tics de langage de l’officialité politique, quand elle se gonfle d’importance, et tourne en circuit fermé.

Ils pérorent. Enoncent leurs directives, leurs ukases. Ils se passent la parole comme une balle de tennis. Ils sont entre eux. Se congratulent. Et en face, nulle contradiction. Juste des questions, bien sages, sur des précisions factuelles, pour «être sûr d’avoir bien compris».

La démocratie sort-elle gagnante de ce super-show du mercredi? La réponse est non. La parole ministérielle va dans un seul sens. Elle ne souffre nulle contradiction. Elle met en évidence, contre le vœu des locuteurs, les dissensions internes, ce qui est au mieux amusant, au pire fort pesant. Il n’y a rien. Aucun échange. Aucune vie. Juste des magistrats qui parlent, en regardant droit devant eux. «Pas de questions?» «Merci Madame la présidente.» «Pour le reste, le Conseil d’Etat félicite le président élu, M. Joe Biden.» Et la vie continue. A mercredi prochain!