Ruban jaune pour chiens: les pros montrent les crocs

CONTROVERSE • Mettre un foulard jaune à son toutou pour prévenir de sa dangerosité est critiqué par le vétérinaire cantonal et la présidente de la Société canine.

  • Le foulard jaune, une  fausse bonne idée? PASCAL BITZ

    Le foulard jaune, une fausse bonne idée? PASCAL BITZ

Saviez-vous qu’il ne faut pas s’approcher d’un chien qui porte sur sa laisse, son harnais ou sur sa queue un foulard jaune? Que cela signifie que l’animal risque de morde, voire d’être dangereux?

Alerte Facebook

Cet avertissement aux chiens potentiellement dangereux débarque ces jours-ci à Genève, via une page Facebook internationale intitulée Le Ruban Jaune-Chiens en sécurité. Ce code aurait ses origines en Suède. En Suisse, il a débarqué suite à des morsures de chiens sur des enfants à la Chaux-de-Fonds, Neuchâtel, Valais et à Fribourg. Le message est clair: «T’es dans la rue, dans un parc, tu vois un chien qui a un ruban jaune, tu ne t’approches pas, sinon il te croque!»

Raisons

Dans la foulée, les initiateurs du code jaune argumentent: «L’animal peut être convalescent, en chaleur, âgé, fatigué, timide, ou alors il a vécu des maltraitances. Toutes ces interactions rendent malheureusement certains chiens sensibles. Le code jaune international est connu et demande surtout un plus grand respect et une meilleure compréhension. Il signifie aussi j’ai besoin d’espace ne venez pas me saluer. »

Professionnels sceptiques

Mais qu’en pensent les professionnels à Genève? Tant le service du vétérinaire cantonal que la présidente de la Société canine de Genève, s’accordent à dire qu’il s’agit d’un mauvais message: «Ce ruban jaune risque de stigmatiser le chien ainsi que son propriétaire, rappelle Eléonore Grosclaude, adjointe du vétérinaire cantonal. C’est en réalité une fausse bonne idée. Nous préférons en effet le dialogue avec le propriétaire aux signaux extérieurs qui peuvent induire en erreur. Un enfant doit apprendre à ne pas aprocher un chien sans en demander la permission à son propriétaire au préalable!»

Même son de cloche de la présidente de la Société canine de Genève: «Si cette pratique se généralise, les gens vont associer l’absence de ruban jaune à la possibilité d’approcher directement un chien! s’exclame Patricia Krier. Et là, il y a risque de dérapages…» Et de conclure: «Il existe une armada de lois pour éduquer les chiens. Sans compter, que la majorité des accidents de morsures liés à des enfants survient plus fréquement avec le chien de famille ou connu, qu’avec un chien inconnu dans un parc ou dans la rue.

Une centaine de Genevois mordus en 2014

ChZ • Le Service du vétérinaire cantonal (SCAV) a dénombré en 2014 près de 224 cas d’attaque par des canidés dont 102 sur des humains, nécessitant 110 mesures contre les propriétaires. Le SCAV a dû également dû intervenir à 6 reprises pour le séquestre provisoire ou définitif de chiens «mordeurs». Enfin, le SCAV a traité quelque 273 cas de maltraitance sur divers animaux. Cela a nécessité 42 séquestres préventifs (89 animaux), aboutissant à 11 séquestres définitifs (17 animaux). Par ailleurs, près de 269 chiens ont été pris en charge par la fourrière cantonale, occasionnant 269 transports d’animaux. Les séquestres concernent les chiens errants, divaguant ou ceux appartenant à des personnes hospitalisées, emprisonnées, expulsées ou décédées.