Une alliance profonde! Pas un bricolage, SVP!

ÉLECTION • Elle est bien fragile, l’alliance improvisée à droite pour culbuter la majorité de gauche du Conseil d’Etat. Oh, il fallait l’union à droite, depuis de longues années. Mais pas dans de telles conditions de précipitation.

  • L’UDC Lionel Dugerdil, Delphine Bachmann (le Centre), les deux PLR Nathalie Fontanet,  Anne Hiltplod et le MCG Philippe Morel. MP

    L’UDC Lionel Dugerdil, Delphine Bachmann (le Centre), les deux PLR Nathalie Fontanet, Anne Hiltplod et le MCG Philippe Morel. MP

Depuis de longues années, je prône l’union des droites à Genève. Un rassemblement large et ouvert, allant du radicalisme à l’UDC, en passant par un libéralisme économique qui m’est plus difficile à supporter et, pour le dire franchement, en imposant des conditions drastiques à la démocratie chrétienne, si elle veut s’inscrire dans le courant. Bref, une alliance PLR-UDC, et pourquoi pas l’aile du MCG qui a d’autres obsessions que la défense corporatiste de certaines catégories de fonctionnaires. Ça fait du monde. Du très beau monde, même.

Droite cassoulet

Ça sent le peuple, les gens de tous les jours, qu’on croise dans la rue, dans leurs camionnettes d’artisans ou de livreurs, dans les bouchons, dans les stades et les patinoires. C’est la droite cassoulet, comme aimait l’appeler Pascal Couchepin, trop libéral à mes yeux, mais homme d’Etat, c’est certain. C’est la droite de son prédécesseur, que j’ai fréquenté dans mes années bernoises, l’inoubliable Jean-Pascal Delamuraz, le pirate d’Ouchy devenu conseiller fédéral.

Immense rafistolage

Dans ces conditions, me direz-vous, je devrais me réjouir de la grande alliance de droite, en vue de l’élection du 30 avril au Conseil d’Etat. Je n’en suis pas si sûr. Il faut, bien sûr, l’union à droite, il l’a toujours fallu, depuis de longues années, toujours reportée par la machine à perdre. Il le faut, aussi, pour donner à ce nouveau parlement, élu pour cinq ans, les moyens d’une nouvelle politique, conservatrice et joyeuse, populaire, inventive, au service des classes moyennes, étouffées par l’impôt et les taxes.

Il la faut, cette union, oui, mais la fallait-il comme cela? Dans de telles conditions d’improvisation, de dernière minute, de précipitation? Comment expliquer, par exemple, la présence d’une candidate PDC (ci-devant dénommé «le Centre») sur la même liste où figure l’UDC, parti honni, vilipendé ostracisé par cette candidate, pendant des années? Qui, à droite, et notamment au PLR, a fait le forcing pour que cette candidate figure sur la liste? Quelle image donne-t-on à l’électorat, sinon celle d’un immense rafistolage?

Machine anti-Maudet

Il y a, dans cette improvisation dictée par la peur, des choses qui ne vont pas. Et qui sentent le faux. Une sorte de machine anti-Maudet, qui assurément devra plutôt servir l’intéressé, tout heureux de jouer le bad boy face à la corporation des installés.

Pierre Maudet aime, plus que tout, débarquer à Golfe-Juan un 1er mars 1815, s’engouffrer dans les vallées des Alpes, remonter vers Paris, tel l’Aigle, de clocher en clocher. Et finalement, culbuter l’immobile Louis XVIII, le Restauré aux bas de soie et aux perruques poudrées. En montant contre lui la machine infernale de l’alliance bricolée, le Syndicat des Elus lui offre, sur un plateau, le rôle bonapartiste de sa vie. Sera-t-il élu? Je n’en sais rien. Mais il aura respiré un air de liberté.

Elle est porteuse d’espoir, la droite unie de ce printemps 2023. Mais elle est fragile, improvisée, à la merci du premier vent. Il faudra des années pour la consolider.