Une facture à se retourner dans sa tombe

CIMETIERE DU PETIT-SACONNEX • Sept ans après le décès de son mari, une veuve reçoit, la mort dans l’âme, une facture inattendue pour des frais d’entretien.

  • De nombreuses familles font le choix de laisser les tombes sans ornements. DR

    De nombreuses familles font le choix de laisser les tombes sans ornements. DR

«Comme si la concession ne suffisait pas!» Margaret*, la veuve d’un défunt enterré au cimetière du Petit-Saconnex en 2007, n’en revient pas. Alors qu’elle pensait avoir couvert les frais liés à l’entretien de la tombe de son mari pour les trente-trois prochaines années, elle reçoit, fin 2014, une facture pour un montant de 125 francs de la part d’un jardinier indépendant, au bénéfice d’une autorisation pour exercer dans les cimetières de la Ville de Genève. Motif de l’envoi? «La sœur du défunt a passé un contrat avec moi en 2011 pour un entretien particulier, explique Jean-Jacques Vidonne. Comme elle ne payait plus, j’ai réclamé la somme à sa veuve. C’est le protocole. Lorsqu’un contrat n’est plus honoré, je réclame les frais aux autres membres de la famille. Il est évident que la nouvelle personne n’est pas tenue de payer puisque ce n’est pas elle qui a signé le contrat. Mais en général, la famille est d’accord d’en assumer les frais et de continuer la collaboration.»

Payer par dépit

Domiciliée à l’étranger depuis peu, la sœur du défunt va finalement s’acquitter de la somme demandée par le jardinier. Un paiement effectué par dépit, afin d’éviter d’éventuelles sanctions à Margaret. «La direction du cimetière a le droit de poursuivre les proches des défunts qui contesteraient une facture, explique Jean-Jacques Vidonne. Cela se fait rarement, mais cela se fait», précise-t-il. Avant de conclure: «Il s’agit d’un service d’entretien annuel apporté à la tombe».

Ville embarrassée

Contacté, le Service des pompes funèbres s’interroge sur les procédés de l’entreprise de jardinage: «M. Vidonne ne peut pas parler au nom de la Ville. De plus, ce qu’il prétend est faux, assure Alexandre Bréda, chef du service. Une fois la concession payée, il n’y a aucune obligation de contracter avec des entreprises privées pour l’entretien des tombes. D’ailleurs, de nombreuses familles font le choix de laisser les tombes sans ornementations particulières et de se charger de l’entretien elles-mêmes.» Quant à la somme réclamée à Margaret, il s’agit d’un malentendu. «Nous n’allons évidemment pas poursuivre quelqu’un n’ayant passé aucun contrat avec un de nos partenaires. Il s’agit d’une question de bon sens.» Margaret, pour sa part, avoue ouvrir désormais tout courrier émanant du cimetière du Petit-Saconnex la mort dans l’âme. * Nom connu de la rédaction