178 ambitions pour Berne

ELECTIONS FEDERALES • La parole à tous! Cinq minutes chacun. En direct. Pendant deux mois. «Les Yeux dans les Yeux», c’est une séquence qui veut privilégier l’humain. Respect et considération envers tous ceux qui osent la candidature. A la fin, il n’y aura que onze élus sur… 178!

  • Sur les 178 candidats genevois, seuls 11 siègeront à Berne. PARLEMENT/DR

    Sur les 178 candidats genevois, seuls 11 siègeront à Berne. PARLEMENT/DR

«S’il y a un bémol, c’est sur la connaissance des dossiers»

Pascal Décaillet

Il y a huit ans, j’avais donné la parole, sur Léman Bleu, aux 93 candidats au Conseil national. C’était déjà énorme, déjà une folie. Cette année, nous invitons chacun des 178 candidats à une interview en direct de cinq minutes, face à votre serviteur. La séquence s’appelle Les Yeux dans les Yeux. Retrouver chaque soir ces hommes et ces femmes, de tous âges et de tous partis, n’étant réunis que par une ambition commune, est pour moi un privilège. La densité de la séquence, l’intensité du ping-pong, le croisement de deux regards, la rencontre de deux visages, tout cela permet au public de faire la connaissance des personnes qui aspirent à siéger, à Berne, à la Chambre du peuple. C’est une expérience inédite. Elle n’a, à ma connaissance, jamais été réalisée avec autant de candidats, en direct TV. Genève innove.

Inédit

Expérience inédite, à finalité citoyenne: il y a tout de même une sacrée différence entre voir défiler 178 noms, désincarnés, sur les 26 listes que nous recevons à la maison, et avoir sur son écran 178 personnes vivantes, dans l’exercice du verbe et de l’argument, avec leurs sourires, leur aisance ou parfois leur gêne, leur répartie ou leur silence, leur faconde ou leur labeur, peu importe, 178 humains, c’est cela l’essentiel. Au moment où j’écris ces lignes, j’en ai déjà rencontré 60, c’est dire s’il y a encore du pain sur la planche.

Rencontres enrichissantes

Que dire, après cette première soixantaine? D’abord, l’émotion de la richesse humaine. Une très grande partie de ces 178 candidats sont, en arrivant sur le plateau, de parfaits inconnus, pour le public comme pour moi. Cinq minutes plus tard, nous voilà enrichis d’une rencontre. Un style, un visage, une voix, un rythme, un caractère. Les humains ne sont pas des robots, mais des êtres d’émotion, de mémoire, de fragilités blessées, et tout cela, sur l’écran, se devine, s’entrevoit. N’imaginons surtout pas que le corps électoral ne veuille retenir que les plus forts, ceux qui bombent le plus le torse, encore moins ceux qui s’écoutent parfaitement argumenter, comme dans des syllogismes de lycée. Non, le public retiendra un sourire, un éclat, une étincelle, que sais-je?

Ignorance

Grande richesse humaine, donc, que celle de ces rencontres. S’il y a un bémol, c’est sur la connaissance des dossiers. Je suis sidéré de constater à quel point les gens qui postulent pour Berne sont, pour nombre d’entre eux, dans une très grande ignorance de la chose fédérale. Je ne parle pas ici du Quiz, dont tout le monde a bien compris qu’il était juste une vingtaine de secondes de détente commune, à la fin de l’entretien, et que connaître ou non la réponse n’était pas l’essentiel. Non, je pense au minimum de connaissances nécessaires sur la Suisse. Son Histoire. Ses institutions. Ses partis politiques. Les grands enjeux des sept Départements fédéraux. Les deux ou trois grands défis (assurances sociales, migrations, transition énergétique, agriculture, exportations, etc.) qui nous attendent pour la législature 2015-2019.

Là, oui, il y a une marge de progression. En attendant, bonne chance à tous, sans exception. Je respecte beaucoup les personnes qui osent se porter candidates. Sur 178, il n’y aura que 11 élus. Les 167 autres, eux aussi, méritent notre considération.