Coup de Coeur / Griffe du 14.10.2015

CœUR Elle s’appelle Giulia Willig, elle a 26 ans, étudiante en Histoire économique, travaille dans un syndicat, «le plus grand de Suisse» (nous ne dirons pas qu’il s’agit d’Unia), et elle a produit, elle aussi, parmi la génération montante, une très bonne impression dans la séquence Les Yeux dans les Yeux. Candidate d’Ensemble à Gauche, jeune, elle a surpris par la précision de ses réponses, la fluidité (rare en Suisse) de son verbe, la célérité à rebondir en demeurant dans le ton et dans le sujet, bref elle maîtrise l’oralité. Car ce ping-pong déteste la langue de bois, qui se voit encore plus gros que d’habitude. La seule clef de réussite, c’est de parler vrai, de façon simple et audible, et de jouer avec l’interlocuteur. Nombre d’aînés de Mme Willig, tous partis confondus, en sont hélas incapables.

GRIFFE Impressum, l’honorable organisation professionnelle des journalistes suisses, dont je fais partie depuis trente ans, fait preuve de beaucoup de naïveté, en délivrant sa liste de 55 parlementaires fédéraux sortants, et plus de 500 candidats, qui ont signé un Manifeste pour la liberté de la presse. Illusion. Pourquoi? Mais parce ce que ceux qui font profession, par leurs chroniques ou éditoriaux, de prendre des positions publiques, ce qui est d’ailleurs le droit de tout citoyen, n’ont strictement rien à attendre des politiques. Ces derniers, de gauche comme de droite, seront justement les tout premiers, le jour où vous écrirez quelque chose contrariant leurs plans ou leurs vues, à vous tomber dessus. D’eux, nous n’avons rien à espérer. Ni d’ailleurs de personne. Prendre position est affaire de solitude et de courage. Dans l’adversité, on est toujours seul.