Expatriés et Suisses de l’étranger: la galère bancaire!

FISCALITÉ • Face à la pression américaine, les expatriés et les Suisses de l’étranger doivent entamer un parcours du combattant pour ouvrir un compte en Suisse. Grogne!

  • Pour un expatrié qui veut ouvrir un compte, il faut montrer patte blanche. ISTOCK

    Pour un expatrié qui veut ouvrir un compte, il faut montrer patte blanche. ISTOCK

Les établissements bancaires helvétiques sont-ils devenus paranoïaques? Cette question, David*, trentenaire américain employé dans une multinationale à Genève, ne se la pose plus. Il a déjà une réponse claire: «Depuis les lourdes amendes et les procès, les banquiers ont même peur de leur ombre! Il m’a fallu des mois pour ouvrir un simple compte, cela devient risible. J’ai beaucoup de collègues qui sont dans la même situation.»

Cette problématique touche directement les citoyens américains, mais aussi les Suisses qui se sont installés aux Etats-Unis. Ou dans d’autres pays considérés «à risques», tels l’Iran, le Yémen, l’Irak ou l’Afghanistan. Des millions de personnes seraient directement écartées.

Coûts et risques

Contactée pour s’exprimer sur cette situation, l’Association suisse des banquiers (ASB) a une réponse… étonnante: «Les coûts et les risques ont considérablement augmenté dans la gestion de fortune transfrontalière, note Daniela Flückiger, responsable communication de l’ASB. Il existe des prescriptions et des réglementations très strictes dans divers pays, mais, avec un choix de plus de 270 établissements en Suisse, il y a toujours la possibilité pour les expatriés d’en trouver une qui propose des relations de compte dans le pays.»

Conditions variables

L’histoire ne s’arrête cependant pas là. Quand le client potentiel aura écumé toute la liste et finalement trouvé une banque prête à l’accueillir, il devra faire face à un autre problème: «De nombreuses banques pratiquent la sélection par le tarif, remarque David Talerman, ancien banquier et auteur du guide Travailler en Suisse. Elles affichent des prix élevés pour décourager certains clients. Et ces clients-là se retrouvent avec un choix limité, c’est une pratique contestable.»

L’image de l’homme d’affaires fortuné qui débarque au bout du lac avec sa valise remplie de lingots appartient donc définitivement au passé. Le problème est que cette purge nécessaire contribue aussi à exclure une partie de la population moins fortunée et pour qui l’ouverture d’un compte en Suisse est essentielle pour effectuer ses paiements courants. Dès lors, certains établissements de petites tailles ont décidé de s’engouffrer dans la brèche et visent clairement la clientèle expatriée. Celle que les grandes banques ont décidé d’ignorer…

* nom connu de la rédaction

Un nouveau président pour les Suisses de l’étranger

FaBo • Cet été, l’ancien conseiller national et ministre bâlois socialiste, Remo Gysin a été élu à la tête de l’organisation des Suisses de l’étranger (OSE). Il succède à ce poste au Genevois Jacques-Simon Eggly qui présidait l’OSE depuis 2007. Lors du 93e congrès qui s’est déroulé à Genève, l’organisation a souligné que son principal cheval de bataille était le vote électronique. Sans oublier de rappeler les préoccupations liées aux difficultés que connaissent les Suisses de l’étranger à maintenir leurs relations bancaires avec leur pays.