Les troubles du désir sont un des motifs les plus fréquents de demande de consultation sexologique, qui concernent selon les différentes études, entre 10% et 40% des femmes. Donc un marché commercial potentiellement gigantesque pour l’industrie pharmaceutique qui découvrira une molécule efficace pour émoustiller une libido en berne!
«Viagra» pour les femmes
Ce serait merveilleux s’il suffisait d’une pilule rose pour (r)éveiller le désir féminin! L’apparition du Viagra en 1998 sur le marché nous a fait rêver d’une vie meilleure, où les problèmes sexuels seraient soignés par un médicament. Depuis lors, de nombreux autres traitements des dysfonctions sexuelles masculines ont été proposés aux médecins s’intéressant à la sexualité humaine. Aucun n’a d’effet miracle garanti! Certains sont efficaces, plusieurs sont utiles, parfois d’une aide précieuse.
Mais l’être humain est complexe et, comme me l’a appris mon maître, Willy Pasini, pour être un bon sexologue, il faut avoir plusieurs cordes à son arc. Sur le plan physique, les cycles menstruels, les grossesses, l’accouchement, l’allaitement et tous les changements hormonaux vécus dans le corps des femmes, ont un fort impact sur le désir sexuel. Il suffit d’ailleurs d’un peu de testostérone (la puissante hormone du désir masculin) pour rebooster une libido défaillante. Mais les femmes craignent trop d’être «virilisées» pour prendre ce traitement efficace. Et puis, elles n’aiment pas trop «ne penser qu’à ça» et l’abandonnent assez vite après l’avoir essayé!
Sur le plan psychologique, on peut stimuler ses envies en lisant de la littérature érotique, qui foisonne enfin sur les rayons des librairies depuis le spectaculaire succès des 50 nuances de Grey. Celles qui s’y sont aventuré ont enrichi le spectre de leurs fantasmes érotiques et décuplé leur libido, au moins le temps de la lecture… Lire des romans érotiques est un excellent moyen d’entretenir son moteur imaginaire sur la durée.
La pilule du désir existe-t-elle?
Je rêve que oui! Et pas que pour les femmes… Car je vois de plus en plus souvent de couples où c’est l’homme qui est en panne de désir. Et il n’existe pas encore de médicament efficace labellisé. Bienvenue à la flibansérine, vendue sous la marque l’Addyi aux États-Unis. Mais se pose alors la question du prix du traitement? Et qui va le payer? Sera-t-il remboursé? Les assurances maladie vont-elles considérer que l’épanouissement sexuel, connu pour être favorable à une bonne santé physique et psychique, mérite d’être encouragé et pris en charge? Cela pose une question de santé publique qui mérite d’être réfléchie et débattue.
Le Dr Juliette Buffat, médecin-psychiatre et psychothérapeute FMH, spécialisée en sexologie et en thérapie de couple depuis 25 ans, est également chroniqueuse pour le GHI.