Ce plan B qu’on nous dissimule

  • extension du Musée d’Art et d’Histoire. DR

    extension du Musée d’Art et d’Histoire. DR

Je me suis toujours demandé pourquoi il faudrait considérer comme un dogme intangible l’ouverture aux capitaux privés dans le projet de rénovation et d’extension du Musée d’Art et d’Histoire (MAH), objet d’une sacrée bagarre politique en Ville de Genève. Je n’ai rien contre le privé, étant moi-même un petit entrepreneur qui se bat jour après jour, mais il me semble qu’un domaine comme la culture devrait se montrer très attentif au maintien du patrimoine, matériel ou non, dans la gestion des collectivités publiques. En l’espèce, pour le MAH, la Ville de Genève. 

Dès lors, il faut prêter l’oreille à ce qu’ont dit l’historienne de l’art Erica Deuber Ziegler, véritable puits de connaissances sur notre patrimoine genevois, et le conseiller municipal Pierre Gauthier (Ensemble à Gauche), dans le Journal de Léman Bleu, lundi 2 mars. Ils nous rappellent, simplement, qu’il existe une convention Ville-Etat, datant de 1931, permettant une extension vers les deux bâtiments adjacents que sont les Casemates et le Cabinet des Estampes. On en pensera ce qu’on en voudra, mais il se trouve que cette alternative, incomparablement moins chère, semble avoir été soigneusement dissimulée au public ces deux dernières décennies. Au profit du mégaprojet confié à une star de l’architecture, incroyablement onéreux, au point que l’ouverture aux fonds privés est en effet indispensable.

Pourquoi engouffrer tant d’argent dans des mezzanines avec verrières et restaurant? Pourquoi défigurer la cour? Pourquoi avoir fait le silence sur l’autre possibilité d’extension? Ces questions ne sont pas résolues. Elles doivent être posées, dès aujourd’hui, dans l’espace politique, en toute transparence, face au public.