La Discorde chez l’Ennemi

LOYAUTé • Publié en 1924, sous la plume d’un jeune officier de 34 ans, nommé Charles de Gaulle, La Discorde chez l’Ennemi est un remarquable traité de stratégie, portant sur plusieurs épisodes de l’Histoire militaire allemande. J’ai eu l’occasion, en 1982, d’en admirer les manuscrits, au Musée militaire des Invalides. Liliane Maury Pasquier et Robert Cramer l’ont-ils lu? En tout cas, ils ont eu plusieurs semaines pour se frotter les mains, tant le camp adverse leur a donné des occasions de jouir de ses faiblesses.

La grande force du duo de gauche, c’est d’être resté parfaitement compact d’un bout à l’autre du combat. Deux candidats en harmonie, loyaux l’un avec l’autre, poursuivant le même but. Qu’on aime ou non l’art militaire (j’aime, vous l’aurez compris!), cela porte un nom: cela s’appelle demeurer en ordre de bataille. C’est capital pour gagner. A la fois en termes de dynamique interne, mais aussi cela façonne une image, à laquelle l’électeur est sensible. On préfère donner ses voix à une équipe qui gagne qu’à une armée en lambeaux, qui étale ses divisions.

Dans ces conditions, quelles que fussent les bonnes raisons, pour le président du PDC genevois, de traiter de «guignols» près d’un tiers de l’électorat genevois, une part inaliénable de la droite, une chose est sûre: tactiquement, ce coup de gueule est une erreur. En politique, il faut sans doute apprendre mille fois à retenir sa langue. Parce que les mots sont des poignards. Qui peuvent, le jour venu, se retourner contre vous. Et là, en général, ça fait assez mal.