La droite attaque!

GRAND CONSEIL • Des missiles. C’est ce que nous prépare la droite pour les mois qui viennent. En matière de logement, mais aussi de finances. Avec, à la clef, deux hommes: le MCG Ronald Zacharias, le PLR Cyril Aellen.

  • Ronald Zacharias (MCG) et Cyril Aellen (PLR). DR

    Ronald Zacharias (MCG) et Cyril Aellen (PLR). DR

  • Ronald Zacharias (MCG) et Cyril Aellen (PLR). DR

    Ronald Zacharias (MCG) et Cyril Aellen (PLR). DR

«Ce sont de véritables missiles, dans les mois à venir, qui vont fuser au Parlement»

Pascal Décaillet

Nous avons signalé ici, la semaine dernière, la profonde léthargie dans laquelle se trouvait le Conseil d’Etat 2013-2018, peu capable d’initiatives. Nous avons aussi noté que la prétendue composition tripolaire du Parlement (Gauche, Entente, UDC-MCG), issue des élections d’octobre 2013, s’estompait de plus en plus, au profit d’une bonne vieille ligne de front droite-gauche. Avec de classiques enjeux d’intérêts, disons presque de lutte de classes. En matière de finances, de fiscalité, de statut de la fonction publique, mais aussi de logement, donc sur les sujets lourds, ceux qui concernent notre mode de vie et notre portemonnaie, ce sont de véritables missiles, dans les mois à venir, qui vont fuser au Parlement. Nous aurions presque envie de parler «d’orgues de Staline», si ces missiles venaient d’une certaine gauche. Le problème, c’est qu’ils vont surgir de l’autre camp: celui d’une droite réveillée, décomplexée, prête à l’attaque.

Le MCG, un parti de droite

L’une des raisons de ce retour à une traditionnelle frontalité droite-gauche est le manque de lisibilité de la députation MCG. Pas facile, il est vrai, de tenir une législature entière, en demeurant cohérents dans le rôle «Ni gauche, ni droite» qu’on s’est à soi-même assigné, et qui est évidemment (nous ne cessons de le dire) un leurre. Le MCG est un parti de droite, avec sensibilité sociale, populaire (ou populiste, comme on voudra), mais enfin c’est la droite, dans toute la richesse de ses variantes poujadistes.

D’ailleurs, l’un des hommes les plus remuants de la nouvelle législature, le député MCG Ronald Zacharias, fait davantage figure, dans son profil politique, d’ultra-libéral que de néo-salazarien à tendance corporatiste. Vous me suivez?

Ronald Zacharias, le fougueux

Zacharias, justement. Depuis qu’il a gagné, le 14 juin, en votation populaire (transformation des bureaux vides en logements), le grenadier lance-flammes du MCG ne tient plus. De tempérament naturellement fougueux, cet attaquant-né n’aura pas trop besoin de se forcer pour venir devant le Parlement avec d’autres projets de loi. Il a déjà commencé avec l’accession des locataires à la propriété. Mais il en a d’autres dans son étui à munitions. Les offensives Zacharias, pour défaire la fameuse LDTR (loi sur les démolitions, transformations et rénovations) vont se multiplier.

Cyril Aellen, un libéral pur-sucre

Et puis, il y a un autre homme. L’un des meilleurs députés du Grand Conseil. Libéral pur-sucre, peu tétanisé par l’idée de l’Etat (oui, disons comme cela), le PLR Cyril Aellen veut réduire la dette, le train de vie de la fonction publique, assainir vraiment les finances cantonales. Pour cela, il a un programme. Et lui aussi, il va mettre, d’ici 2018, le Conseil d’Etat, et notamment le ministre des Finances, Serge Dal Busco, sous pression.

Voilà donc l’ancien maire de Bernex devant faire émerger un budget 2016 avec une double opposition, la gauche, et justement cette partie très libérale de la droite. La quadrature du cercle! L’été sera studieux, pour lui et ses collègues.

La gauche à la rue

Reste la gauche. Minoritaire, a-t-elle d’autre choix, face à ces futurs missiles, que de s’enterrer dans des tranchées? Oui, elle en a un autre: la rue. Il n’est pas sûr, hélas, que l’intérêt supérieur du Canton y soit gagnant.