La possibilité d’un iceberg

  • Pascal Décaillet. DR

    Pascal Décaillet. DR

POUVOIR • Le président du Conseil d’Etat genevois peut désormais se prévaloir d’un point commun avec Winston Churchill: il a, lui aussi, tenu un discours aux Communes. Oh, il n’y avait ni sang, ni sueur, ni larmes, juste un immense froid, un glaçon, la possibilité d’un iceberg. C’était vendredi 29 mai, à la Cathédrale Saint-Pierre, lors de la prestation de serment des maires, adjoints et conseillers administratifs des 45 communes de notre canton. Cérémonie dans laquelle on a d’ailleurs pu entendre une huile protocolaire saluer «les autorités ecclésiastiques», ce qui n’est pas sans saveur, dans le contexte de laïcité diluvienne que venait de traverser Genève.

Donc, François Longchamp. Franchement, le ton glacial sur lequel il s’est adressé à tous ces magistrats communaux qui venaient, par la voie du peuple, en toute légitimité, d’être portés à leurs fonctions, fut celui d’un régent. A Genève, le Canton est certes l’autorité de surveillance des Communes. Mais cette tutelle doit se limiter à trancher sur des cas graves (encore faudrait-il le faire impartialement, ce qui n’est pas prouvé, par exemple, dans l’affaire de Veyrier), et non à prendre des grands airs de supériorité hiérarchique devant les élus communaux. On avait l’impression du Ministre de l’Intérieur procédant à l’assermentation des préfets.

Cette tonalité ne correspond pas à l’esprit de nos institutions. La Commune est une très vieille entité, à Genève comme dans le reste de la Suisse. Historiquement, elle a précédé les Cantons, et bien sûr la Suisse fédérale. On ne traite pas ses élus comme des exécutants du pouvoir cantonal. Maires, adjoints, conseillers administratifs, vous avez cinq ans pour résister à cette arrogance, au plus haut niveau du Canton.