Populisme vert

DIMANCHE SANS VOITURE • Je pensais jusqu’ici que le populisme (un mot qui à mes yeux n’a rien de péjoratif) était réservé à l’UDC, au MCG ou à Ensemble à Gauche. Bref, à cette opposition qui sait encore parler au peuple. Las! Une fois de plus, mon inexpérience dans la politique genevoise m’avait joué un tour. Car la toute dernière idée des Verts, le parti par excellence qui se prévaut des «institutions», collabore avec ardeur avec tout pouvoir en place et condamne la rhétorique simpliste des foules, est un petit chef-d’œuvre de populisme. Relancer la vieille idée, furtivement appliquée lors du choc pétrolier au début des années 70 (je m’en souviens fort bien) de dimanches sans voitures. Ils annonçaient officiellement, mardi 17 mars en début d’après-midi, l’idée de 12 dimanches par an, sans la moindre automobile, sur le pourtour de la Rade.

Populisme, pourquoi? Parce que les Verts savent très bien que, dans l’actuel rapport des forces politiques, leur idée n’a aucune chance. Mais ils savent surtout que nous sommes, à Genève, en pleine campagne électorale pour les municipales. En sachant qu’en Ville, une très forte proportion d’habitants n’a pas de voiture (c’est plus facile à Genève qu’à Evolène ou à Fionnay), voilà miraculeusement, annoncée par hasard un jour de pic de pollution, une idée qui va caresser le public dans le sens du poil. C’est habile. C’est doux. C’est souriant, sans aspérité. Bref, c’est Vert. Reste à lancer une ultime idée: des dimanches sans les Verts. C’est juste un rêve, rassurez-vous: un bon bol d’air bien libertaire. Et sans ozone.