«Il n’y a rien à dire: c’est une véritable épidémie!» Ce médecin genevois, fort d’une expérience de plusieurs décennies, n’en revient tout simplement pas. Depuis qu’il procède systématiquement à la recherche du taux de vitamine D chez ses patients, le constat est sans appel: au moins 70% d’entre eux souffrent, à des degrés divers, d’une carence nette voire sévère, en vitamine D. Autant dire qu’avec un tel constat, le mot «épidémie» n’est pas de trop.
Chiffres alarmants
Et les chiffres sont là pour le prouver. Un groupe de travail de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) estime ainsi que chez nous, au moins 50% (!) de la population présenterait un taux sanguin insuffisant en vitamine D. Pire encore, 16% d’entre nous seraient même sévèrement carencés.
«Le déficit en vitamine D est fréquent et sous-diagnostiqué, pouvait-on lire, déjà en 2011, dans la très sérieuse revue médicale suisse Médecine et Hygiène. Dans les pays occidentaux, plus de 40% de la population de plus de 50 ans serait carencée. En Europe, une étude a montré que 80% des personnes âgées avaient des taux de 25(OH)D en dessous de 30 ng/ml.»
Alors, c’est grave docteur? Eh bien oui, et plus qu’on ne le pense, car la vitamine D joue un rôle essentiel dans notre organisme. Ainsi, l’une de ses fonctions majeures est de permettre l’absorption intestinale du calcium et du phosphate, dont elle régit le métabolisme. Elle intervient également directement dans la croissance des os et des dents, dans le renforcement musculaire, et chez les personnes âgées dans la prévention de l’ostéoporose.
Alimentation et soleil
Et comment en est-on arrivé là? Notre corps a deux manières de se pourvoir en vitamine D. Soit il va la chercher dans l’alimentation, à travers les poissons et les huiles qui en sont dérivées, mais aussi le beurre, les céréales, les œufs, le lait etc. Soit il va la fabriquer tout seul comme un grand grâce à… l’exposition au soleil. Et c’est là que le bât blesse: notre climat, relativement peu ensoleillé, nous rend très vulnérables au manque de vitamine D, une vulnérabilité augmentée par… les campagnes de sensibilisation aux méfaits du soleil. En clair, protéger sa peau contre les cancers induits par le soleil est bien entendu nécessaire, mais gare à l’excès de zèle: une exposition raisonnable au soleil reste indispensable.