COUPABLE PAR ESSENCE

Quand vous arrivez en voiture place du Cirque, direction pont de la Coulouvrenière, vous tombez sur un feu qui ne reste vert que quelques secondes. Seuls cinq ou six véhicules passent, les autres attendent. Vous restez là, plantés. Vous avez tout loisir d’admirer le paysage. Un exemple, parmi tant d’autres.

Chacun de vous pourra donner le sien. Chacun a en tête la cartographie des bouchons genevois, ceux qu’on pourrait parfaitement éviter, mais qu’on ne touche pas, pour bien laisser l’automobiliste, ce coupable par essence, mariner dans le jus de sa colère.

Cette politique ne doit rien au hasard. Elle relève d’un choix idéologique bien précis: rendre la vie impossible aux conducteurs de véhicules motorisés, les inciter à laisser leurs voitures au garage, et à entrer dans le paradis des transports publics.

Cette politique porte un nom: celui de Serge Dal Busco. A la ville, le meilleur des hommes, je le dis sans ironie. Un magistrat soucieux du bien public. Mais hélas, un ministre qui a, de façon totalement incompréhensible, troqué la politique de son camp naturel, en matière de mobilité, contre celle de ses adversaires. Ce transfert (voyez, je reste poli), unique dans l’Histoire de Genève, demeure l’un des mystères de la législature. L’homme serait-il allé à Damas? Serait-il tombé de cheval? Aurait-il été frappé par une révélation?

La loi sur la mobilité dite «cohérente et équilibrée» brille par deux aspects singuliers: son incohérence, son déséquilibre. Ainsi va le monde: parfois, il nous déroute.