Eloge du travail par objectifs

EFFICACITÉ • Pourquoi se rend-on au boulot? Réponse: pour y accomplir une mission, bien précise. Pas pour faire des heures! Si le travail est bien fait, au revoir tout le monde, et à demain!

  • Les journées doivent être longues pour le travailleur qui compte les heures. 123RF

    Les journées doivent être longues pour le travailleur qui compte les heures. 123RF

J’ai toujours été un partisan acharné du travail par objectifs. Comme responsable de ma petite entreprise depuis dix-sept ans, cela va de soi. Mais auparavant, lorsque j’étais salarié, je défendais déjà cette option, de toutes mes forces. Le travail par objectifs, c’est une chose toute simple: on ne se rend pas sur son lieu de travail pour y «faire des heures» (quelle horreur!), mais pour accomplir des missions précises. Ce sont elles, et non l’enveloppe de temps, dont tout doit découler. Elles qui régentent toutes choses.

Pauses-café

Dans les métiers manuels, cette conception finaliste s’impose d’elle-même: si un mur est bien fait, le résultat se voit, on félicite le maçon. Si un escalier montre des imperfections, on l’engueule. Dans d’autres missions, hélas, plus floues, du côté par exemple (au hasard) de la fonction publique, ou de tel mammouth audiovisuel, dans la moiteur feutrée des bureaux, s’installe très vite l’idée que l’essentiel, c’est «l’ambiance de travail». Etre sympa avec ses collègues, ériger le lieu de repos, autour de la machine à café, comme saint des saints des relations humaines. Au point que d’aucuns ne viennent plus pour accomplir une mission, mais juste pour «être au travail», de 8h à 17h, avec pauses réglementaires, repas d’entreprise, yoga offert par la maison pour calmer les tensions. Pas belle la vie?

Satisfaction du boulot bien fait

A cette conception de superglandus en sandales, apparatchiks de la douceur, syndicalistes au moindre froissement, j’ai toujours dit non. Un boulot doit être une passion, ou tout au moins la ferveur de l’accomplir au mieux, les compétents et les motivés doivent être encouragés, les traîne-savates, écartés. C’est aussi simple que cela. On ne vient pas pour faire ses heures, on vient façonner un produit bien précis, œuvrer à un objectif défini avec clarté.

Quand on a fini, si le boulot est bien fait, on s’en va. Et là: yoga, danse orientale, relaxation du bassin, tout ce que vous voudrez, pour la bonne raison que c’est votre vie privée, vous n’en rendez compte à personne, vous faites ce que vous voulez.

J’ai lutté âprement pour le travail par objectifs (une production audiovisuelle à réaliser chaque jour, par exemple, c’est précis, mesurable) dans un milieu où ce déterminisme du résultat n’était pas toujours évident. Depuis 17 ans, entrepreneur libre et indépendant, employeur pendant plusieurs années (avec, à mes côtés, des personnes remarquables, choisies par moi, qui ont toutes, ensuite, eu un trajet professionnel magnifique), je pratique plus que jamais cette primauté absolue de l’objectif à atteindre.

Pour un indépendant, la question ne se pose même pas, cela va de soi. Un stage dans les TPE (toutes petites entreprises) ferait le plus grand bien à ceux qui, comme moi, se passionnent pour le monde du travail.

Je fais tout!

Je fais des éditos. Je fais des émissions. Je fais le ménage. Je nettoie les toilettes. Je fais une partie de ma compta, à part les bilans annuels. Je fais tout, j’adore ça. Si vous vous sentez d’attaque, lancez-vous aussi. Mais je vous préviens: c’est difficile. Et il faut aimer la solitude.