La folie dépensière de l’Etat

«Enrichissez-vous!», disait François Guizot, le grand homme d’Etat français du XIXe siècle. La gauche gouvernementale genevoise a aussi son slogan, simple et cinglant: «Endettons-nous!»

  • Détail d’un billet de 100 francs. Le Canton, avec une dette de 12,8 milliards, érige l’emprunt massif en philosophie d’Etat. DR

    Détail d’un billet de 100 francs. Le Canton, avec une dette de 12,8 milliards, érige l’emprunt massif en philosophie d’Etat. DR

On n’a plus un seul centime, mais rassurez-vous: nous allons dépenser des milliards! Un roman noir, sur fond de scandale panaméen? Pas du tout! Cette philosophie de casino, c’est celle du Conseil d’Etat: 460 millions de francs de déficit pour le projet 2022 du Canton de Genève; 12,8 milliards de dette, chiffre confirmé par Nathalie Fontanet le jeudi 16 septembre sur le plateau de Genève à Chaud. Et pourtant, 364 nouveaux postes dans la fonction publique! Mieux encore: 11 milliards de francs prévus au titre des «investissements», dont six pour la «transition écologique». Transports publics, trams, rail, «mise aux normes» des bâtiments publics, diversité, arborisation.

Endettement record en Suisse

Cette philosophie économique, dite «keynésienne», du nom du grand économiste britannique John Maynard Keynes (1883-1946), c’est celle de la relance par des immenses investissements d’Etat. On peut aussi se référer au New Deal, la vaste politique de rénovation des infrastructures lancée en 1933 par Franklin Delano Roosevelt, l’un des plus grands présidents de l’histoire américaine, celui de la Seconde Guerre mondiale. Mais l’Amérique de fin 1932, lors de l’élection qui porte ce grand homme au pouvoir, sort de la terrible crise de 1929, lisez John Steinbeck et vous découvrirez l’étendue du désespoir dans des millions de familles américaines. Le président Roosevelt, oui, leur rendra la foi dans leur pays, et c’est pour cela qu’il a tant marqué les mémoires.

A Genève, la gauche ne jure que par Keynes. En tout cas, la gauche gouvernementale, socialistes et Verts, entendez une majorité de quatre conseillers d’Etat sur sept. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le projet de budget 2022, et à plus long terme ce plan «d’investissements» de 11 milliards, portent la marque de la gauche. Le problème, c’est qu’avec une dette de 12,8 milliards, l’Etat n’a plus d’argent. Déjà, il vit à crédit. Et voilà que, non content de battre le record de Suisse de l’endettement, il projette allégrement de s’endetter encore! Cela porte un nom: cela s’appelle une fuite en avant.

La gauche, la bouche en cœur, nous dit: «Endettons-nous, les taux sont bas.» Fort bien. Et le jour où ils remonteront, ces taux, nous dirons quoi à nos enfants, à toutes ces générations auxquelles nous aurons refilé le fardeau du service de la dette à rembourser? Quant à la droite, une partie d’entre elle pourrait bien l’accepter, ce pacte avec le diable: tous les milieux économiques à qui, déjà, on fait miroiter cette «relance», se pourlèchent les babines à l’idée d’en être les bénéficiaires. Et nous voilà partis, comme dans l’affaire du CEVA, avec un Sainte Alliance du rêve et du profit, la gauche dans sa croisade pour le climat, une partie de la droite dans l’appât des bonnes affaires.

Pacte malsain et mortifère

Et le contribuable, il pense quoi de ce petit jeu? Et les classes moyennes, déjà essorées jusqu’à la moelle? Et ceux qui bossent, beaucoup trop taxés sur le revenu de leur travail? A ce pacte malsain et mortifère, les citoyennes et citoyens que nous sommes doivent dire non. Simplement, non.