Les prostituées veulent leur syndicat

DROIT DU TRAVAIL • Les spécialistes de la prostitution œuvrent à la mise en place d'un appui juridique spécialisé.

  • Le marché de la prostitution, sujet à de nombreux abus, n'a jamais eu de syndicat en Suisse.

Un syndicat est-il légitime sur le marché de la prostitution? Telle est la question qui sera au centre d'un grand débat, le 1er juin à la salle du Môle. En cause? Les nombreux abus qui règnent dans le milieu, notamment les tarifs élevés des chambrettes louées à la journée, les guerres de prix pour les prestations sexuelles et les relations avec les propriétaires de salons et d'agences.

Pain sur la planche

Animée par des travailleurs du sexe, mais aussi par des secrétaires syndicaux et le sociologue Agi Foldhazi, la discussion esquissera les prémisses d'un concept qui préoccupe les professionnels du sexe depuis des lustres. «Si la mise en place d'un syndicat est jugé raisonnable, il va falloir beaucoup de temps avant qu'un véritable projet puisse voir le jour», affirme Michel Félix, porte-parole d'Aspasie, l'association qui défend les travailleurs du sexe.

Carences juridiques

La question des conventions collectives est un obstacle insurmontable dans la mise sur pied d'un syndicat traditionnel. «Compte tenu du statut juridique des travailleurs du sexe, qui est indépendant, il ne s'agit pas de contrats de travail salarié, explique Valérie Buchs, représentante du Syndicat interprofessionnel des travailleurs (SIT). Il est possible d'envisager une association professionnelle visant à défendre leurs intérêts.» Aspasie, pour sa part, aimerait mettre en place un soutien juridique interne spécialisé: «Actuellement, nous n'avons ni les moyens financiers, ni les ressources humaines pour engager un avocat dans notre association, déplore Michel Félix. Nos subventions stagnent depuis plusieurs années, tandis que les demandes sur le terrain augmentent. Dans ces conditions, nous nous contentons d'accompagner les prostituées au Tribunal lorsqu'elles le souhaitent. Pour l'instant, nous collaborons uniquement avec des avocats extérieurs.» Rendez-vous aux Pâquis pour poursuivre le débat.