Nous, les Suisses

Les mots «honte» et «haine» pullulent dans le vocabulaire de la gauche morale, celle qui a oublié depuis longtemps les ouvriers suisses, les bas salaires, les chômeurs suisses, les retraités suisses aux rentes faméliques. Celle qui ne vibre que par l’autre. L’enrichissement par l’altérité. Les bienfaits de la migration, promise à nous fournir un jour «des ingénieurs de génie».

Il nous faudrait, nous les Suisses, avoir «honte» de notre faible capacité d’accueil, alors que nous sommes l’un des pays les plus ouverts à la migration. Réclamer des contrôles drastiques, y compris dans les questions d’asile, relèverait de la «xénophobie», voire de la «haine» de l’autre. Vouloir réguler les flux migratoires, comme nous l’impose le oui du peuple et des cantons à l’initiative du 9 février 2014, serait une position politique scélérate.

De partout, on cherche à nous culpabiliser, nous les Suisses, à noircir notre rapport à l’étranger, alors la gauche morale, bien installée dans son cocon urbain, dans ses certitudes universalistes, nous jette l’opprobre avec ses mots de catéchisme: la «honte», la «haine». La contrition. L’auto-fustigation. Le coupable éternel, ce serait nous, jamais les autres.

Nous, les Suisses. Ceux qui travaillent. Ceux qui accomplissent leur devoir pour la nation. Ceux qui remplissent les caisses de l’Etat. Ceux qui, après une vie de labeur, doivent se contenter de retraites malingres, ridicules, humiliantes. Il y a un jour où il faudra lui dire, à cette gauche morale, que sa perpétuelle leçon de conduite nous fatigue. On commence quand?