De grâce, demeurons éveillés!

Nous traversons une période difficile avec la crise sanitaire, pas besoin de vous faire un dessin. Soyons prudents, respectons les consignes. Mais par pitié, ne nous endormons pas: nos vigilances citoyennes, plus que jamais, sont nécessaires!

  • Avec le corps médical, soyons exigeants. Demandons des explications. 123RF/AUREMAR

    Avec le corps médical, soyons exigeants! Demandons des explications! 123RF/AUREMAR

De grâce, frères et sœurs humains, demeurons en notre état d’éveil! Restons vifs, prompts à réagir, naseaux à l’affût, oreilles tendues, et le feu du ciel dans nos prunelles. Nous traversons – cela ne vous a peut-être pas échappé – une période un peu particulière. Chacun de nous se retrouve dans la pénible condition d’un sursitaire: vais-je être testé positif, mis en quarantaine, privé de mon travail, comment vais-je supporter ces épreuves, quelles traces laisseront-elles?

Masques, mains, distances

Dans les rues, on porte un regard méfiant sur les yeux des autres humains, le seul organe que le masque laisse encore entrevoir. Cet humain qui m’est inconnu, est-il infecté, est-il porteur, risque-t-il de me contaminer, il a mal mis son masque, il ne s’est pas lavé les mains, etc. On a vécu, c’est sûr, des époques plus insouciantes!

Pour autant, j’invite tout lecteur de ces lignes, quel que soit son état de santé, son moral, à ne baisser en aucun cas les bras. Et à faire la différence entre les vrais dangers et ceux dont on peut se passer. Le péril réel, c’est bien sûr celui de la maladie. Elle n’est pas inventée, elle est bien là, des humains en souffrent, des unités médicales se mobilisent pour les sauver, tout cela est bien réel. Il nous faut donc, faute de connaissances en infectiologie (mot que la plupart d’entre nous ne connaissaient même pas avant la crise), appliquer les consignes. Portons les masques. Lavons nos mains. Respectons les distances.

Citoyen, mais pas mouton

Oui. Faisons cela. Par souci du bien public. Mais en parallèle, continuons d’exercer avec la dernière acuité, nos esprits critiques. Etre un bon citoyen, ça n’est pas être un mouton. En médecine, nous ne connaissons pas grand-chose, mais en politique, nous la sentons venir, la musique. Nous l’avons à l’oreille, la chansonnette. Nous sommes aptes, tous, à faire la différence entre une partition bien jouée et une joyeuse cacophonie. Nous les flairons, les entourloupettes. Nous les discernons, les petits jeux du pouvoir, entre les Cantons, la Confédération, les différents membres d’un même collège. Exerçons-le, notre sixième sens, pour reconnaître la vraie décision, fondée, et la différencier de la directive de hasard, concoctée à la hâte, dans la panique.

Confiance, compétence

Même avec le corps médical, soyons exigeants. Dans leurs décisions, n’admettons pas l’arbitraire. Demandons des explications. Faisons valoir nos vies, nos impératifs professionnels, nos besoins économiques. Il n’est pas question qu’à la faveur de cette crise, l’homme ou la femme en blanc soient exonérés de leur devoir d’exégèse quant à leurs décisions. Ils ne sont pas nos parents, nous ne sommes pas leurs enfants. Ils ne sont pas nos régents, nous ne sommes pas leurs disciples.

La confiance ne procède pas d’un décret, mais d’une compétence prouvée, sur la longueur. On la trouvera plus souvent chez le médecin de famille, que l’on consulte depuis des décennies, ou chez des spécialistes ayant fait leurs preuves auprès de vous, que dans les «étages» de la hiérarchie sanitaire cantonale. Au final, soyons des hommes et des femmes. Battons-nous. Et surtout, gardons notre humour.