Et la poudre aux yeux, ça rapporte?

«La dette d’investissement»: c’est le mot magique! Endettons-nous, nous font miroiter certains partis, c’est pour la bonne cause! Méfions-nous: il s’agit de nos impôts, notre argent. Et ce sont nos enfants qui devront payer.

  • La classe politique dilapide l’argent des contribuables. Et il faudrait la laisser faire sans réagir.

    La classe politique dilapide l’argent des contribuables. Et il faudrait la laisser faire sans réagir. 123RF

Vous connaissez mon opposition viscérale à toute forme de dette, j’en ai déjà parlé ici. Cela me vient de mes quinze années d’expérience comme petit entrepreneur: ne rien devoir à personne, jamais. Ne pas acheter de matériel, ni se lancer dans un quelconque projet coûteux, si on n’a pas, antérieurement, économisé les fonds nécessaires. C’est une conception prudente de l’économie, peut-être même timorée, j’en suis conscient. Mais je tiens la tenue du budget d’un Etat pour comparable à celle d’une famille: on dépense ce qu’on a; si on n’a pas, on s’abstient.

Cadeau empoisonné

Hélas, nos édiles ne voient pas exactement les choses comme cela. Ils dépensent, dépensent, et dépensent encore. Ils nous produisent des budgets déficitaires, creusent la dette, au point que cette dernière devient vertigineuse. Il faudra des décennies pour la rembourser, c’est un cadeau empoisonné légué à nos enfants. Aujourd’hui, les taux d’intérêt sont favorables, mais demain? Comment notre classe politique peut-elle se montrer à ce point irresponsable? Elle joue avec les deniers des contribuables. Notre argent, le fruit de notre travail, de notre sueur! Elle dilapide, et il faudrait la laisser faire sans réagir.

Bonne ou mauvaise dette

Pire: elle tente de nous entraîner dans son sillon maléfique, en nous brandissant, à longueur de débats, le prétendu distinguo entre «la mauvaise dette» (celle qui touche le fonctionnement de l’Etat), et la «bonne dette» (emprunter pour investir). Du coup, le mot «investissement» devient un vocable magique, un mantra. Peu importe qu’on se lie les mains face à un créancier (les banques qui prêtent à l’Etat, il faudra bien un jour en parler, de celles-là), pourvu que ce soit dans le dessein salvateur de «l’investissement». Le seul mot, brandi dans un débat économique, est réputé définitif, comme un coup de marteau final à l’issue d’une sentence. «Investir» nous est présenté comme la vertu suprême, celle qui lave du péché: le miracle baptismal.

Pure spéculation

Dans ce petit jeu où la langue nous piège, soyons attentifs, pour prendre un exemple au hasard, au discours des Verts. Ils commencent par nous parler anglais: Green New Deal. Une louche de poudre aux yeux, une petite référence au grand président américain Franklin Roosevelt, pour nous dessiner, en pure théorie, en pure spéculation, sans la moindre garantie, des chœurs symphoniques de lendemains qui chantent.

Chansonnette de perlimpinpin

Des milliards pour la rénovation et l’isolation des bâtiments, par exemple, tout cela sur engagement massif de l’Etat, sur la base d’emprunts à on ne sait quelle banque, charge au contribuable (et à sa progéniture) de rembourser un jour ces sommes colossales.

Ce discours-là, c’est exactement celui qui fait mode auprès de nos élites de gauche, à Genève. Et ça tombe bien: ils ont, pour deux ans, la majorité au Conseil d’Etat! Le parlement aura-t-il le cran de s’opposer à cette chansonnette de perlimpinpin? Comprendra-t-il qu’il représente le peuple, les contribuables, et qu’un minimum de rigueur et de raison s’impose, si on veut éviter la catastrophe? On peut rêver! C’est l’un des derniers droits qui restent aux classes moyennes, ponctionnées jusqu’à la moelle. Excitant, non?