Juste la vérité, SVP!

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La prise de parole, en politique, est un art périlleux. Chacun rêverait, devant la foule d’Alger, le 4 juin 1958, d’avoir lancé «Je vous ai compris!». Ou «Ich bin ein Berliner!», le 26 juin 1963, du balcon de l’Hôtel-de-Ville de Schöneberg. Ou encore, «I have a dream», le 18 août 1963, devant le Lincoln Memorial de Washington. De Gaulle, John F. Kennedy, Martin Luther King: des formules de feu, entre quatre et six syllabes, pour embraser l’imaginaire, conquérir les cœurs, occuper les mémoires, pour des siècles.

Face à la crise sanitaire, c’est une autre paire de manches. Et l’arme de la parole, dès que la confiance est en cause, peut se retourner redoutablement contre son auteur. Les Suisses aiment qu’on leur parle, mais se méfient des grands effets. Ils ont besoin qu’on les respecte, qu’on les traite en citoyens, non en sujets. Ni en public de théâtre. A ce propos, lisez ou relisez à tout prix le discours de Marc-Antoine à la foule, juste après l’assassinat de César, dans l’exceptionnel Jules César de Shakespeare, inspiré par l’auteur grec Plutarque.

Face à la crise actuelle, nos compatriotes ne veulent pas de théâtre, ni de grands slogans gaulliens. Non, ils veulent juste la vérité. Des gens comme Alain Berset, ou même Antonio Hodgers, ont trouvé la tonalité pour s’adresser aux adultes mûrs et responsables que nous sommes. Cette petite musique-là doit absolument continuer. Les femmes et les hommes de ce pays n’accepteraient ni d’être infantilisés, ni instrumentalisés. Juste informés. Juste la vérité, SVP.