PREMIER TAMBOUR

Le culot de Jean-Luc Mélenchon! Faisant irruption au soir d’un second tour auquel il n’avait pas été invité à participer par le peuple français, le chef de file de La France insoumise appelle les Français à «l’élire premier ministre». Et puis quoi encore? Lui faire couler un bain chaud? Lui offrir une édition originale des Discours de Saint-Just et Robespierre? Lui ériger un échafaud en or en place de Grève? Une intervention déplacée, prétentieuse, n’ayant au fond qu’une vertu: souligner l’ego démesuré de ce tribun surdoué, assoiffé de lumière(s), et pas seulement celles de Voltaire et Montesquieu, quelques projecteurs faisant parfaitement l’affaire.

C’est vrai, Mélenchon parle bien. Il fut, dans cette campagne 2022, le meilleur orateur. Son verbe est incandescent, il sait créer un rapport immédiat avec le public. Mais existe-t-il encore, de Strasbourg à Perpignan, de Nice à Dunkerque, une seule porte assez large pour laisser passer sa tête? Il y a des moments où ce fervent républicain se prend pour le Roi.

Ainsi, «Elisez-moi premier ministre!». L’homme peut rêver d’une VIe République, mais il se trouve que la France vit encore à l’heure de la Ve. Au suffrage universel, le peuple élit un président. Ce dernier, et nul autre, choisit son premier ministre. Il le fait, bien sûr, en fonction d’un rapport de forces législatif. Mais nul ne peut lui imposer la personne. Sous la Ve, désolé Monsieur le premier tambour des exécutions, on n’élit pas le premier ministre. Vous le savez du reste très bien. Votre formule est un raccourci. Comme le sont les condamnés. Après vos réquisitoires.