SPRINT ET MARATHON

A quelques jours des élections françaises, une ou deux remarques sur la campagne du premier tour, qui s’achève. D’abord, elle fut beaucoup trop longue: depuis la rentrée de septembre, les chaînes privées en continu font du remplissage et de la surenchère. Elles ont lancé des lièvres, comme en cyclisme, aujourd’hui essoufflés: on ne court pas un marathon comme un sprint. Elles ont passé leur temps à faire mousser les petites phrases: beaucoup d’écume, peu de fond.

Une présidentielle française se joue dans les tout derniers jours, peut-être même dans les dernières heures. Tout pronostic est impossible: il y a quelque chose de mystérieux qui se noue, au dernier moment, entre un homme ou une femme et le peuple. Une sorte de Sacre de Reims à l’envers: l’onction vient d’en bas.

Et puis, presqu’un Français sur deux, venant de la droite nationale mais aussi d’une certaine gauche non-bobo, veut le rétablissement de la souveraineté. Il ne veut plus de la tutelle européenne, ne parlons pas de celle de l’Otan. Et il exige un contrôle draconien des flux migratoires.

Le choc du 24 avril se jouera autour de la force de frappe de cette France-là. L’antithèse de celle de Macron, européenne, attachée au multilatéralisme, ouverte à l’immigration. Qui gagnera? Impossible de le dire. Mais ces lignes de tension, bien plus que la fracture gauche-droite, détermineront le combat politique en France, ces cinq prochaines années.