Villes suisses: un peu d’autocritique, SVP!

POLITIQUE • Attaquer les Villes de gauche suisses un 1er Août: la date était sans doute mal choisie. Mais sur le fond, le président de l’UDC suisse n’avait pas tort. Le clientélisme, notamment, est un vrai problème.

  • Les municipalités de gauche des grandes villes, telles que Genève, sont accusées par l’UDC suisse de dépenses considérables,  clientélisme et comportement de caste. 123RF/BLOODUA

    Les municipalités de gauche des grandes villes, telles que Genève, sont accusées par l’UDC suisse de dépenses considérables, clientélisme et comportement de caste. 123RF/BLOODUA

Marco Chiesa, président de l’UDC suisse, aurait commis un crime de sang, les réactions n’eussent pas été plus courroucées. Certes, le Tessinois avait mal choisi sa date: le discours du 1er Août a plutôt comme fonction d’appeler à l’unité nationale que de fragmenter les Suisses, par exemple entre villes et campagnes. Allons-y donc pour la faute de goût. Mais de là à déverser sur lui toutes foudres du ciel!

Record à Genève

La pléthore des réactions, leur violence, confinant parfois à l’insulte, sont plutôt de nature à prouver que l’homme avait raison: les Villes suisses, principalement les municipalités de gauche dans des communes d’une certaine importance, brillent par leur clientélisme, leur voracité financière, leur inaptitude totale à l’autocritique. Non seulement la Ville de Genève en fait partie, mais elle détient la palme. Triste record.

Clientélisme. En matière culturelle, et cela depuis trente ans, bien avant le conseiller administratif Sami Kanaan, qui n’est pas spécialement en cause, et qui aurait même plutôt tendance à vouloir rétablir une certaine rigueur. Clientélisme en matière sociale. En matière d’associations, estimant le plus naturel du monde de voir renouveler tous les ans, au moment du budget, leur petite enveloppe de subsides. Il n’y a là rien d’illégal, rien de condamnable sur le plan juridique, tout au plus le ronron de petites habitudes. C’est ainsi, en soignant savamment ses électeurs, que la gauche se maintient depuis des décennies en Ville de Genève.

Gauche morale, gauche bobo

Oh, la droite ne ferait sans doute guère mieux, mais enfin, si on parle de la gauche en Ville, c’est parce qu’elle s’y trouve incrustée depuis si longtemps. Avec ses petites habitudes, ses rituels, son vocabulaire, ses appels aux droits de l’homme aux quatre coins de la planète. Gauche urbaine. Gauche morale. Gauche bobo. Gauche donneuse de leçons. Pourquoi diable le président du premier parti du pays n’aurait-il pas le droit de relever cela?

Alors, voilà, comme les mots irrémédiables furent prononcés par le président de l’UDC suisse, parti honni par la gauche, et qu’il n’était en effet pas très malin, un 1er Août, de monter une partie des Suisses les uns contre les autres, encore moins d’utiliser le mot «parasites», chargé d’une lourde connotation historique, tout le petit monde de gauche prit plaisir à tomber sur le baudet. A quelques exceptions près (dont Sami Kanaan, qui répondit avec chiffres et arguments), on se précipita sur le porteur du funeste message, plutôt que d’entrer en matière sur les arguments de l’accusation. C’est dommage.

Problème

Car il existe bel et bien, en Suisse, un problème avec les municipalités de gauche des grandes villes. Sublimation de l’altérité au détriment des braves Suisses. Dépenses considérables avec l’argent des contribuables. Clientélisme. Comportement de caste. Ces choses-là méritent qu’on les analyse, qu’on les prenne au sérieux. Même si c’est un UDC qui les a relevées. Autant dire le diable.