Grand Conseil: le curseur à droite!

MAJORITÉ • Conformément aux vœux des électeurs le 6 octobre 2013, le nouveau Parlement sera clairement à droite.

  • Virage à droite pour le nouveau Parlement. ISTOCK

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«Le Grand Conseil a donné le ton des nouvelles majorités»

Pascal Décaillet

Cette fois, c’est parti. Finies, les festivités de l’automne électoral: le Grand Conseil, les 23 et 24 janvier derniers, a attaqué l’année 2014. Il a donné le ton des nouvelles majorités. Et il y a du changement! Autant la législature précédente s’était signalée par des majorités autour du centre, autant la nouvelle dominante sera à droite. Quelle droite? Celle que nous annonçons ici depuis des années: une droite élargie, plurielle, au sein de laquelle PLR, UDC et MCG s’entendent fort bien. Beaucoup mieux que ne l’auraient voulu les Verts et les PDC, nostalgiques de ce Marais centriste qui avait rendu la période 2009-2013 aussi illisible que nébuleuse. Mieux: à l’intérieur du camp de la droite, c’est la partie protectionniste qui prend du poids, et le camp libéral – tout au moins celui inféodé à l’Argent-Roi – qui bat de l’aile. Oui, la roue tourne.

Entente cordiale

Premier constat, la tonalité du PLR face au MCG a changé. Fini, le temps de l’arrogance: le groupe qui a perdu sept sièges le 6 octobre s’adresse désormais avec respect à celui qui en a gagné trois. A part une ou deux exceptions, le PLR ne prend plus de haut les députés du MCG. Il les traite enfin en alliés. En désaccord sur le thème de la frontière, ils les ont passablement rejoints sur celui de la préférence cantonale, et partagent l’essentiel des valeurs en matière de sécurité, de finances ou de fiscalité. Pour cimenter ces majorités nouvelles, émergent des hommes nouveaux: l’un de ceux dont on va assurément parler cette législature est l’avocat et député MCG Ronald Zacharias. Un combattant pur-sang, qui se fixe des objectifs, et ne s’accorde aucun répit avant de les avoir atteints. «Nous ne sommes pas des élèves face à leur instituteur», tonnait-il après avoir mis en minorité le président du Conseil d’Etat François Longchamp, dans un projet de loi visant à mettre fin aux abus dans les ventes en PPE (propriétés par étages).

Une nette majorité

Et puis, ne sous-estimons pas l’UDC. Et souvenons-nous que ce parti, loin d’être à l’agonie, a gagné deux sièges le 6 octobre. Là aussi, quelques personnalités fortes, qui n’ont aucune envie de s’en laisser conter. PLR + MCG + UDC, cela fait une nette majorité: on pourra au besoin se passer des adoubements de bénitier et des états d’âme du PDC.

Bien sûr, en politique, rien n’est simple, rien n’est mathématique, et tout dessein de nouvelle majorité peut se fracasser contre les récifs du réel: querelles internes (par exemple, au sein du MCG), manque d’unité et de cohérence au sein de groupes trop forts, chapelles, trahisons, enfin tout ce qui fait le sel de la vie parlementaire.

Loin des caméras

Un détail, encore: cette nouvelle législature, les députés ont choisi de la vivre loin des caméras de télévision. On pourra certes admirer leurs exploits sur internet, mais la cruauté de la fracture numérique leur ôtera des dizaines de milliers de spectateurs, notamment dans un Troisième Age peu coutumier de l’ordinateur. Pour ces personnes, qui ont le temps de s’intéresser à la politique, c’est infiniment dommage. Pour le reste, laissons les députés vivre entre eux le reste de leur âge. Il y a tant d’autres sujets, tellement vivifiants, à transmettre au public.