GRÈVE IMPOPULAIRE

La grève des fonctionnaires? Non seulement elle n’a pas fait un tabac auprès des principaux intéressés, ce qui pose le problème de la représentativité des syndicats, mais elle s’est avérée particulièrement impopulaire.

Auprès de qui? Mais auprès de l’écrasante majorité de la population genevoise, pardi! Les employés du privé, d’abord. Pour eux, nulle garantie d’emploi.

A tout moment, ils peuvent gicler. Restructuration, licenciement économique, ou plus simplement parce que leur tête ne revient plus au patron.

Et puis, il y a les indépendants. Pour eux, aucune garantie de rien du tout. Ni d’avoir du travail, ni de continuer à décrocher des mandats. Rien! Leurs retraites, ils les financent intégralement eux-mêmes, AVS et (s’ils en ont contracté un) deuxième pilier.

Là où les fonctionnaires ont encore, pour la caisse de pension, une répartition si favorable des cotisations de la part de l’employeur. Un indépendant paye lui-même, également, sa perte de gain. Il investit lui-même dans son outil de travail. Il crève de trouille de tomber malade. Il n’est jamais tranquille.

Les petits entrepreneurs, les PME, c’est pourtant 97% du tissu économique suisse. Pour eux, jamais de grève, ni même de revendication. Alors vous comprenez, dans ces conditions, la sympathie envers la fonction publique en grève, à Genève, est un peu limitée. Non par inimitié envers l’Etat, son rôle d’arbitrage, ses missions régaliennes. Mais en vertu d’un sentiment d’injustice, qui va croissant. Et qui, un jour, portera les classes moyennes à se révolter.