ITALIE: LA LEÇON

La victoire de Giorgia Meloni, en Italie, est une première depuis 1945, on pourrait même dire depuis juillet 1943, la première chute de Mussolini. Pour la première fois depuis cette époque lointaine, une personne intégrant une part de l’héritage du fascisme est portée au pouvoir.

Pour autant, il ne faut pas s’imaginer des défilés en chemise noire, ni un nouvel assèchement des marais pontins. Non. Cent ans sont passés depuis la marche sur Rome (28 octobre 1922), et plus de trois quarts de siècle depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Giorgia n’est pas la réincarnation du Duce. Les enjeux d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec ceux du lendemain de la Grande Guerre. L’Italie n’a plus d’ambitions coloniales, ni de voracité guerrière sur l’Albanie. Et le partenaire allemand, à notre connaissance, n’est plus exactement le même.

Mais, le symbole est tout de même considérable. Au sein des droites, comme en France, le rapport de forces s’inverse entre la droite nationale, souverainiste, populaire et les bonnes droites classiques, libérales, européistes, de l’après-guerre. La droite nationale, celle qui veut la frontière et entend réguler drastiquement les flux migratoires, a gagné le combat interne. La nouvelle donne, capitale pour les années à venir, c’est celle-là.

Partout en Europe, la dimension nationale revient. Les peuples veulent des patries et non un conglomérat visqueux au service du capital mondialisé. Ce qui se passe en Italie, c’est cela. D’autres pays, ces prochaines années, suivront. Et pas les moindres.