Le curseur à droite

ÉLECTIONS • Et si l’ascension – bien réelle – du MCG n’était qu’un paravent? A quoi? Mais à un grand virage à droite, pardi!

  • Une foule considérable est venue vivre en direct à Uni Mail, dimanche 10 novembre, les élections du nouveau Parlement genevois. DRK

    Une foule considérable est venue vivre en direct à Uni Mail, dimanche 10 novembre, les élections du nouveau Parlement genevois. DRK

Ouf! Cette fois, c’est fait. Après onze semaines d’une campagne beaucoup trop longue, Genève a, pour quatre ans et demi, un nouveau Parlement et un nouveau gouvernement (lire encadré ci-dessous). Pendant 54 mois, sauf crise institutionnelle majeure, nous allons vous laisser tranquilles avec les élections cantonales. Prochaine échéance électorale: les Municipales, sur l’ensemble du canton, au printemps 2015. D’ici là, nous aurons quantité de votations, dont les fédérales du 24 novembre: les enveloppes sont déjà en votre possession. A Uni Mail, le dimanche 10 novembre, nous avons vécu en direct, au milieu d’une foule considérable, de riches moments d’émotion. La sortie réussie, avec beaucoup de classe, d’Isabel Rochat, ne fut pas la moindre. Nous pouvons maintenant, avec vision d’ensemble, entrevoir ce qui s’est vraiment passé cet automne à Genève. Et cela, politiquement, se résume en trois mots: curseur à droite.

Exceptions et alliances

Eh oui! En sachant que le MCG, qui se proclame «ni gauche, ni droite», est tout de même, sur 80% des objets, beaucoup plus à droite qu’à gauche, en sachant aussi que l’Entente, désormais ramenée à un tiers du Parlement, aura besoin du MCG et de l’UDC pour faire passer tous ses projets en matière de budget, de finances, de fiscalité, de sécurité, sans doute aussi logement et mobilité, nous avons à Genève un véritable déplacement du curseur à droite. Dans l’immense majorité des cas, la gauche plafonnera à hauteur du tiers qu’elle constitue. Et l’alliance Entente-MCG, ou Entente-UDC, ou Entente-UDC-MCG, pourra déployer la nouvelle politique pour notre canton. Bien sûr, il y aura des exceptions, des alliances de circonstance, des ponts entre le MCG et la gauche sur les sujets sociaux, mais dans la plupart des cas, le déplacement du curseur vers la droite se fera sentir. Au point qu’on pourrait presque se demander si toute l’aventure MCG de cet automne n’a pas, au fond, fonctionné comme un paravent pour camoufler l’essentiel: la percée de la droite.

Parlement bipolaire

Pour s’en convaincre, il suffisait d’assister, les 7 et 8 novembre, à la séance inaugurale du Grand Conseil. Aussitôt après la prestation de serment, les premières passes d’armes. Elles n’ont en rien, pour l’heure, révélé un Parlement tripolaire. Mais bipolaire. Le bon vieil antagonisme droite-gauche. Epicé par le retour d’Ensemble à Gauche, assurément une formation avec laquelle on ne va pas s’ennuyer. Quant au Conseil d’Etat, il passe de quatre droite et trois gauche à cinq droite et deux gauche, ou au pire quatre et demi, deux et demi, si on veut bien créditer Mauro Poggia de sa sensibilité sociale. Dans tous les cas, la droite est majoritaire. Et les quatre élus de l’Entente devront tenir compte, dans la plupart de leurs projets, des vingt députés du MCG et des onze de l’UDC. Fini, le temps où l’on considérait ces gens comme des Gueux. Il faudra bien que la nouvelle législature soit celle d’un peu plus de respect face à des gens qui ont exactement la même légitimité électorale que les autres députés. Faute de ce changement de ton, la guerre reprendra très vite. Car si le MCG a Mauro Poggia au gouvernement, elle n’en conserve pas moins, prêt à bondir, un éternel rebelle nommé Eric Stauffer.

Les sept élus au Conseil d’Etat (2013-2018)

1) Pierre Maudet – PLR – 59’057 voix

2) François Longchamp – PLR – 55’126 voix

3) Serge Dal Busco – PDC – 49’941 voix

4) Luc Barthassat – PDC – 46’301 voix

5) Antonio Hodgers – Verts – 44’132 voix

6) Anne Emery-Torracinta – PS – 43’505 voix

7) Mauro Poggia – MCG – 41’170 voix