Le putsch de la droite

FINANCES • En imposant des économies de plus de vingt millions sur le budget 2014, les commissaires aux Finances e droite et du MCG, en Ville de Genève, veulent montrer qui commande. La gauche parle de référendum.

  • La droite, composée de l’Entente, de l’UDC et du MCG, bombe le torse et montre les muscles. OHOTOMONTAGE GHI/STOCKPHOTO/NICOBLUE

    La droite, composée de l’Entente, de l’UDC et du MCG, bombe le torse et montre les muscles. OHOTOMONTAGE GHI/STOCKPHOTO/NICOBLUE

Ils ont voulu faire comme leurs grands frères du Grand Conseil. Bomber le torse. Montrer les muscles. Rouler les mécaniques. Montrer qu’ils sont les chefs. Mercredi 13 novembre, en Commission des finances du Conseil municipal de la Ville de Genève, la droite (Entente + UDC) et le MCG ont pris leur sécateur le plus aiguisé, et ils ont coupé pour 20,9 millions dans le budget 2014 de la Ville, qui sera examiné en plénum le 14 décembre. Trente-neuf collaborateurs pourraient perdre leur poste. Le secteur du social est particulièrement touché. Dès le lendemain, un message d’Esther Alder à ses collaborateurs, que l’Agence Decaprod a intercepté, dénonçait vigoureusement ce coup de force: «Je mobiliserai toutes les énergies pour convaincre le Conseil municipal, à qui il appartiendra de confirmer ou non ce vote, qu’il fait fausse route». La droite exulte. La gauche crie au démantèlement. Bonjour l’ambiance.

Référendum annoncé

Le lendemain soir, à Genève à chaud sur Léman Bleu, Sandrine Salerno, Maire de Genève et responsable des Finances de la Ville, elle qui avait justement réussi à sortir un projet de budget 2014 à l’équilibre (et même avec un léger boni, 44’000 francs), condamnait l’attitude de la droite. Dimanche 17 novembre, sur la même antenne, lors d’un mémorable débat entre six conseillers municipaux, le socialiste Alberto Velasco annonçait en primeur un référendum, non sur le budget global, mais sur les «lignes» concernées. Tout cela, à un mois de l’examen du budget 2014 par le plénum du Municipal! Bref, une ambiance surréaliste, embrasée, que seuls les éminents représentants du délibératif de la Ville sont capables, dans l’incandescente magie de l’automne, de nous proposer.

UAC à la trappe

Il est vrai que la droite a eu la main lourde: à la trappe, les UAC (Unités d’action communautaire), ainsi que l’Agenda 21, mais aussi les services chargés du ramassage du verre, de la rénovation de logements, des achats des bibliothèques, ou encore des vigiles privés. Bien sûr, rien n’est tabou, on a le droit de tout remettre en question. Plus encore: la droite et le MCG ont été assez malins pour s’en prendre, non aux investissements chez Rémy Pagani, mais à des secteurs dont l’utilité immédiate, allez disons-le comme cela, n’apparaît pas dans toute sa splendeur à l’opinion publique. Ainsi, en cas de référendum de la gauche, la droite pourra développer à l’envi le thème des emplois inutiles, en tout cas pas du ressort municipal, inventés dans les années de vaches grasses.

Fin de la récréation

Enfin, le contexte politique. Les mousquetaires de la droite municipale se comportent exactement comme le quarteron de leurs « aînés» du Grand Conseil l’avait fait en menant, l’hiver dernier, un combat d’une rare rudesse pour que le budget 2013 de l’Etat parvienne à l’équilibre. Ils avaient mené un combat héroïque, mais étaient piteusement rentrés dans le rang au moment même où les spadassins de François Longchamp et Pierre Maudet, leurs vrais patrons, leur avaient délicatement sifflé la fin de la récréation. Bref, l’heure, à la Ville comme au Canton, sur les questions financières et budgétaires, et aux démonstrations de force. D’autres, assurément, suivront.