Verts: le message ne passe plus

COMMUNICATION • Le parti à la mode à la fin du vingtième siècle serait-t-il en train de se démoder? Constitués de riches individualités, les Verts peinent à émettre un message d'ensemble cohérent, lisible, compréhensible. Aux prochaines élections, ils risquent d'en recevoir la sanction.

  • Conseillers d'Etat ajourd'hui. Qu'en sera-t-il en 2013?

    Conseillers d'Etat ajourd'hui. Qu'en sera-t-il en 2013?

  • Conseillers d'Etat ajourd'hui. Qu'en sera-t-il en 2013?

    Conseillers d'Etat ajourd'hui. Qu'en sera-t-il en 2013?

Ils sont devenus le parti des bobos. Sont-ils encore de gauche? L'ont-ils jamais été? Parti très jeune, sans Histoire, d'où viennent-ils? De quelles souches philosophiques? Parti élu sur des listes d'alternative, comment se fait-il qu'ils s'entendent si bien avec la droite? Pourquoi le confort de la bourgeoisie leur sied à ce point? Parti d'individus, souvent brillants, cultivés, ont-ils vraiment vocation à rassembler? D'essences libertaires, sont-ils vraiment faits pour s'occuper de la dureté régalienne des affaires de l'Etat? Oui, les Verts, à Genève notamment, posent problème. Ils sont bien sûr parfaitement légitimes dans notre espace politique, demeurent, ex-aequo avec le MCG, le deuxième parti du Grand Conseil, jouissent de belles personnalités. Mais il y a quelque chose, dans la complexité du message, qui confine à l'illisible. Et pourrait leur coûter cher aux élections de l'automne 2013.
LISIBILITÉ
Allez trouver un point commun, de l'ordre d'une ligne de conduite, ou d'une communauté de pensée, entre l'ancien président national du parti, Ueli Leuenberger, très à gauche, populaire, attaché à la défense des plus faibles, perpétuel manifestant avec son mégaphone, et certains députés d'aujourd'hui, experts en affaires financières, ouverts à l'économie de marché, constructeurs de passerelles avec la droite, parfois (de plus en plus!) sur le dos de socialistes avec qui, pourtant, aux élections, ils avaient fait campagne. Vous vous y retrouvez? Vous voulez une aspirine? Car enfin, à tant jouer le primat de l'individu, du libre arbitre, toutes choses qui les rapprochent davantage d'un certain libéralisme calviniste que de leurs cousins de gauche, sont-ils encore seulement lisibles, identifiables, traçables en tant que parti politique, candidat à gérer la Cité sur des propositions que la population puisse, d'un coup, comprendre?
CRAINTES
Par exemple, pourquoi revenir sur le droit de vote et d'éligibilité des étrangers, la nouvelle Constitution, qui vient d'être votée, entérinant le statu quo? Etait-ce bien le moment, l'opportunité, l'urgence première attendue par nos concitoyens? Pourquoi s'accrocher aussi désespérément à une «région», un Grand Genève dont la grande majorité de la population peine à saisir la véritable nature, le véritable intérêt? Pourquoi, au lendemain de la votation sur les rues piétonnes en Ville de Genève, signal pourtant totalement clair, viennent-ils encore engueuler les automobilistes d'exister, comme si c'était un crime de se mouvoir en voiture? Politiquement, pourquoi donnent-ils de plus en plus l'impression de s'accrocher à l'actuelle coagulation au pouvoir, notamment à sa composante bourgeoise, laissant souvent les socialistes bien seuls? Craindraient-ils, aux prochaines élections, de perdre des plumes? Ces 17 députés, en octobre 2013, combien seront-ils? Leurs deux conseillers d'Etat d'aujourd'hui, combien seront-ils, combien sera-t-il?La mode, c'est ce qui se démode. Dans un an, le parti des bobos pourrait bien s'en rendre compte à ses dépens. A moins que, d'ici là, il ne retrouve un souffle de lisibilité qui, aujourd'hui, lui fait cruellement défaut.