CEVA: toute la lumière svp!

GRAND CONSEIL • Une séance spéciale sur le CEVA et les SIG. Les MCG et l’UDC l’ont obtenue. Ce jour-là, il y aura du monde au balcon.

  • Le chantier du CEVA aura 21 mois de retard. L’UDC et le MCG exigent des explications. DRK

    Le chantier du CEVA aura 21 mois de retard. L’UDC et le MCG exigent des explications. DRK

«C’est le rôle du Parlement de contrôler l’activité du gouvernement»

Pascal Décaillet

Samedi 17 mai, le Grand Conseil tiendra une séance extraordinaire sur le CEVA et sur les Services industriels de Genève (SIG). Cette séance, tous les partis ne l’ont pas voulue: elle aura lieu par la volonté de l’UDC et du MCG, qui ont réuni les 30 signatures nécessaires à la convocation d’une session spéciale. Deux partis non gouvernementaux. Plus exactement, deux qui ne l’étaient pas l’automne dernier, lorsque le retard des travaux du CEVA a été sciemment caché à la population, en pleine période électorale. Caché, par qui? Sur ordre de qui? Dans quels desseins? Et puis, ce retard de 21 mois, quels surcoûts va-t-il engendrer? A côté de tout cela, le même jour, le Grand Conseil se penchera sur les investissements hasardeux des SIG, notamment dans l’éolien et la fibre optique. La séance promet d’être animée.

Obligation de contrôle

Disons-le d’emblée: la convocation de cette séance est une excellente chose. C’est précisément le rôle du Parlement de contrôler avec précision, diligence et dans l’intérêt du peuple souverain, l’activité du gouvernement, de l’administration et des régies publiques. Tous les élus, notamment sur les bancs des partis au pouvoir, ont-ils bien intégré cette obligation de contrôle qui est la leur? Ont-ils bien saisi qu’ils n’étaient pas là pour servir de valets aux ministres de leurs partis respectifs, ni de Chambre d’enregistrement? Ont-ils tous la culture politique et historique nécessaire pour comprendre que la vitalité d’une démocratie se mesurait justement à la puissance de résistance d’un Parlement à ce que tente de lui faire avaler, ou de lui cacher, l’exécutif? Là sont les vrais enjeux de cette session du 17 mai. On espère que les députés groupies de leurs magistrats, hélas trop nombreux, sauront se réveiller un peu, leur demander des comptes, dans l’intérêt de la République.

Enjeu politique

Car enfin, l’affaire du CEVA est particulièrement grave. Le PV du Comité de pilotage du CEVA du 18 octobre 2013, 14h15, que nous nous sommes procuré, pose noir sur blanc l’opportunité de reporter l’annonce du retard du chantier. Et en effet, ce retard ne sera communiqué à la population qu’au printemps 2014, plusieurs mois plus tard. Quel degré de connaissance de ce retard l’actuel président du Conseil d’Etat, François Longchamp, avait-il? Qui a pris, et à quel niveau, la responsabilité politique de taire, en pleine période électorale, une information sur un retard de 21 mois qui aurait pu avoir des conséquences sur le scrutin? En clair, elle aurait avantagé les opposants de 2009 au CEVA (MCG, UDC), et défavorisé l’ensemble des autres partis. Notamment, un PLR qui sentait déjà, pour d’autres raisons, ses forces décroître. Ces questions-là, parmi d’autres, on espère bien que la députation les posera, le samedi 17 mai, dès 10h.

Au service des citoyens

Les députés, notamment les plus jeunes d’entre eux, n’ont pas à avoir peur de demander des explications au gouvernement. Ils sont là pour ça! Lorsqu’ils siègent, ils ne sont en aucun cas au service de leurs ministres, ni de leur parti, mais à celui des citoyens. Nous serons particulièrement attentifs, ce jour-là, à recenser ceux qui font groupies ou tapisserie. Et ceux, hélas moins nombreux, qui se risquent à l’exigence de transparence. Pour laquelle ils ont été élus.