Chicago-sur-Rhône, c’est non!

URBANISATION • Construire l’avenir, sans détruire la vie: léguer aux générations futures un canton vivant et dynamique, mais protégé dans ses équilibres. En clair: maîtriser la croissance. Indispensable. Et vital.

  • Un canton bétonné qui ressemblerait à Chicago… Inimaginable! (123RF/Marchello74)

    Un canton bétonné qui ressemblerait à Chicago… Inimaginable! (123RF/Marchello74)

Un canton entièrement bétonné, de Versoix à Chancy, est-ce là notre vœu pour Genève? Un canton sans poumons de verdure? Un canton truffé de tours et d’immeubles, de nouveaux quartiers, ayant grignoté ce qui demeurait de campagne, reliés entre eux par toujours plus de routes, de voies ferrées, de lignes de bus ou de trams? Un canton-ville, mégalopole, un univers entièrement urbanisé, entre Jura et Salève, Voirons et Fort de l’Ecluse? Un canton avec un aéroport surdimensionné, juste pour satisfaire la démesure de quelques-uns, ceux qui n’en peuvent plus de rêver à une grande plate-forme internationale, une sorte de Chicago-sur-Rhône. Sans avoir ni la beauté de Chicago, ni les dimensions d’arrière-pays de la métropole américaine.

Une croissance raisonnable

Est-ce cela que nous voulons? A l’heure où nos autorités, et pas seulement dans les milieux de la droite libérale, nous brandissent plans directeurs et projets d’extension, les citoyennes et citoyens de ce canton doivent définir, eux, le cadre et le modèle de développement pour les générations qui viennent. Il ne s’agit pas de prôner ici la croissance zéro, comme le font les allumés de l’apocalypse climatique, mais d’inventer une croissance raisonnable, humaine autant qu’humaniste, au service des individus, de leur qualité de vie, profondément respectueuse de l’environnement, sans pour autant brandir le gong de Philippulus le prophète, celui qui dans L’Etoile mystérieuse nous annonce le «châtiment».

Question d’environnement...

Car il est temps de parler d’environnement, de protection de la nature, de lutte contre le gaspillage, de respect des animaux, de préservation des biotopes et des espaces verts, sans pour autant se reconnaître comme un fidèle de la grande chapelle des Verts. Ces derniers n’ont pas le monopole de l’environnement! D’autres courants, en Suisse, avec un Franz Weber ou un Philippe Roch, ancrés dans des racines spirituelles plus que dans la mécanique de «l’écologie politique», ont été là – ou le sont encore – pour nous indiquer d’autres voies. Sans compter que les Verts, avec leur instrumentalisation de la question climatique à fins électorales (échéances d’octobre 2019, les fédérales), ne nous engagent pas particulièrement à les suivre tête baissée sur le chemin de leurs propres ambitions, leurs propres carrières.

... et d’équilibre

Le canton de Genève a un profond besoin d’équilibre. Entre ville et campagne. Entre industrie, services et agriculture. Entre densité et verdure. On doit, impérativement, continuer de pouvoir y respirer. On doit y aimer nos cours d’eau, avec leur faune, notre lac, nos bois, nos coteaux vinicoles. On doit continuer d’y admirer les oiseaux, ceux qui migrent comme ceux qui nichent. Cette permanence du bonheur n’est possible qu’avec une vision maîtrisée de la croissance. Renoncer à toute démesure, à tout ce qui peut troubler l’équilibre. Ne pas tomber en génuflexion devant le Veau d’or du profit facile. Penser à la qualité de vie de tous, à commencer par celle des plus démunis. Construire l’avenir, sans détruire la vie.