Donc, Pierre Maudet est allé à Abu Dhabi. Cela, il faudrait vraiment revenir d’un séjour prolongé sur Mars pour l’ignorer. Et puis, Guillaume Barazzone, il l’a reconnu lui-même, est également allé à Abu Dhabi. D’autres personnalités politiques, aussi ?
Je l’ai déjà dit, l’aspect juridique de ces virées orientalistes ne m’intéresse pas. Leur dimension morale, non plus. Ce qui me passionne, c’est ce qu’elles révèlent. En l’occurrence, un peu comme cela nous avait tous saisis par rapport à l’ancien candidat de droite à la présidentielle française François Fillon, un rapport pour le moins surprenant, de la part de MM. Maudet et Barazzone, avec le monde de l’argent.
Leurs partisans nous disent qu’ils n’ont pas voyagé pour eux, mais dans l’intérêt de la place économique et financière genevoise. Et qu’il faut parfois avaler quelques dizaines de milliers de kilomètres pour assurer la promotion du canton.
Je veux bien. Mais nos élus exécutifs doivent-ils à ce point trottiner autour des monarchies du Golfe? Cette fréquentation de richissimes personnages est-elle à ce point indispensable à leur action politique? Surtout, chez ces deux magistrats, quelle est la part, consciente ou non, avouée ou non, de fascination personnelle pour le monde de l’argent?
J’imaginais, au moins pour l’un d’entre eux, que son sens de l’Etat l’aurait amené à un peu plus de distance par rapport à ces délires ploutocratiques. Non en vertu de la morale, que je n’invoque jamais. Mais en fonction d’un certain bon goût, dans les valeurs et les priorités de la République.