Eloge de l'initiative

  • Pascal Décaillet

    Pascal Décaillet. dr

Dans la plupart des pays, on ne vote que pour élire. En Suisse, au moins, on vote tantôt pour élire, tantôt pour se prononcer directement sur des sujets. J’ai déjà maintes fois fait l’éloge, ici, de notre démocratie directe. Un référendum permet d’attaquer une loi, votée par le parlement, mais qui ne nous convient pas. Beaucoup mieux, beaucoup plus constructif: une initiative populaire fédérale permet à un tout petit groupe de citoyens, au départ, d’interpeller l’ensemble du corps électoral suisse, sur des sujets que la classe politique, en général, aimerait bien laisser dormir.

Ensuite, ça marche ou non. Ça passe ou ça casse. La plupart des initiatives, d’ailleurs, depuis 1891, sont refusées! C’est dire à quel point l’exercice est difficile, nécessite du courage, de l’engagement, de l’opiniâtreté, pour, peut-être un beau dimanche, passer le cap du peuple et des cantons. Avec l’initiative, nous sommes à des milliers de lieues de la démocratie d’opinion, ou de sondage, où un simple clic suffit à s’exprimer, tranquillement devant son ordinateur.

Et puis, une initiative, ça fait du bruit de Genève à Romanshorn, et c’est très bien! D’un bout à l’autre du pays, on s’explique, parfois le ton monte, on s’engueule. La démocratie vit, le peuple suisse s’exprime, avec les tonalités qui sont les siennes, nous ne sommes pas tous des docteurs en droit, ni des chuchoteurs de salon. Ce bruit, cette fureur, cette montée de sève dans les engueulades, c’est justement cela la démocratie. Défendons-la de toutes nos forces.