L'heure de vérité

  • Pascal Décaillet. dr

    Pascal Décaillet. dr

Pendant que la Suisse officielle, récemment celle de M. Burkhalter, aujourd’hui celle de M. Cassis, n’en peut plus de nous annoncer la négociation d’un très improbable «Accord-cadre avec l’Union européenne», complexe et bureaucratique, ladite Union est peut-être, doucement, en train de s’évaporer. Du coup, c’est ennuyeux: négocier avec un fantôme n’est jamais très porteur.

L’heure de vérité, pour l’Union, ce seront les élections européennes de mai 2019. Dans les 27 pays membres, on choisira des députés pour le Parlement européen. Mais dans chacun de ces pays, ce sera un test de politique nationale. Sur son degré de tolérance, encore, de l’idée européenne, elle-même.

Il est loin, le temps d’une Europe à six ou douze membres, dans laquelle un minimum de cohérence et de ligne claire étaient possibles. Aujourd’hui, avec un élargissement à l’Est mal digéré, mais aussi l’Italie, l’Autriche, la Hongrie, la Pologne qui veulent mener des politiques nationales, notamment sur les flux migratoires, l’Union européenne ne contrôle plus rien. Elle est en voie d’implosion. En Allemagne même, la puissante Bavière du ministre-président Horst Seehofer somme Berlin de revoir sa politique migratoire.

Mai 2019 sonnera l’heure de vérité. Une sérieuse montée en puissance des anti-européens n’est pas à exclure. Là sont les vrais enjeux. Et non dans «l’Accord-cadre» de quelques fonctionnaires diplomatiques bernois avec Bruxelles.