Politique agricole: du bouillon pour les morts

  • Robert Cramer, conseiller aux États (Verts)

    Robert Cramer, conseiller aux États (Verts)

Le 1er novembre, le Conseil fédéral a publié un rapport intitulé Vue d’ensemble du développement à moyen terme de la politique agricole qui est censé esquisser les grandes lignes de la politique agricole de la Suisse à partir de 2022 (s’agissant de la prochaine période quadriennale 2018 à 2021, on sait déjà qu’elle s’inscrira dans le prolongement des mesures actuelles).

Ce rapport, qui a suscité l’indignation des milieux concernés, plaide en substance pour le démantèlement de la protection douanière de notre agriculture, laquelle est toute relative puisque la Suisse importe déjà environ 50% des denrées que nous consommons. Il faudrait soi-disant en faire plus pour des raisons économiques. Mais la Suisse est déjà un des pays où l’on consacre le moins d’argent pour se nourrir, exactement 6,30 fr. en moyenne sur 100 francs dépensés. C’est trois fois moins que dans l’Union européenne (18 francs en 2013). D’ailleurs même si les paysans n’étaient pas payés, cela ne changerait pas grand-chose au prix des aliments. Ce qui coûte, ce sont les intermédiaires et la distribution. Bizarrement ces chiffres ne figurent pas dans le rapport. Vouloir détruire notre agriculture sur de telles bases apparaît ainsi bien léger!