Vingt-huit chimères

Ce dimanche 26 mai, les citoyennes et citoyens de 28 pays de notre continent, Royaume-Uni compris, pour qui vont-ils voter? Officiellement, pour élire les représentants de leurs pays respectifs au Parlement européen. Vu ainsi, ça peut paraître adéquat. A nous Suisses, la démarche pourrait même rappeler celle de nos cantons aux élections fédérales des premiers temps, dans les années qui ont suivi 1848: on s’habitue, progressivement, à déléguer des pouvoirs à une instance supérieure. Chez nous, la sauce a pris: nul ne nie, aujourd’hui, l’échelon fédéral dans la conduite du pays.

Mais au niveau continental, nous n’en sommes pas là. Voilà plusieurs décennies que se déroulent ces élections européennes (je me souviens parfaitement de la liste Simone Veil, en 1979), et moins que jamais, aujourd’hui en 2019, le Parlement européen n’a été considéré comme une instance efficace. Pire: ses députés ne bénéficient pas de l’onction de légitimité, d’ancrage local, de confiance républicaine de ceux des parlements nationaux. Le rêve, en France, c’est de siéger au Palais-Bourbon, héritier direct de la Convention révolutionnaire, et pas dans la nébuleuse technocratique de Strasbourg.

Du coup, dans chacun des 28 pays, nous aurons tout au mieux un test grandeur nature de popularité du gouvernement en place. Il y a donc 28 élections, pour 28 photographies d’opinions nationales bien différentes. Il n’y a pas vraiment de Parlement européen crédible, pour la bonne raison, toute simple, qu’il n’y a pas d’Europe. Ailleurs que dans les chimères de certains. C’est ainsi.