La motion Mettan mérite d'être étudiée

LAÏCITÉ • A Genève, depuis 1907 les Eglises et l'Etat sont séparés. Ce régime de laïcité, instauré deux ans après la fameuse loi de séparation de 1905, en France, est en soi une excellente chose. Chacun, au sein d'une même République, peut vivre sa foi, ou ne pas vivre de foi du tout, cela dépend de sa sphère privée, les uns et les autres se respectent: oui, franchement, dans un pays où la question confessionnelle a joué un rôle majeur, et conflictuel, cette solution est la bonne.Le principe de laïcité se trouve d'ailleurs rappelé dans l'article 3 de notre nouvelle Constitution, votée en octobre 2012, et même libellé en tant que tel pour la première fois. Mais comment le définir? Là, les options divergent. Si tout le monde est d'accord sur la neutralité confessionnelle de l'Etat, une question demeure: cette neutralité doit-elle se caractériser par une totale indifférence aux phénomènes religieux, ou n'oblige-t-elle pas les pouvoirs publics à intervenir pour protéger, au cas où elle serait en péril, la liberté de croyance de chacun?

Réagissant à une affaire qui n'en est pas une, celle du voile, pour laquelle un député libéral prônait au cœur de l'été un projet d'interdiction, son collègue PDC Guy Mettan a rédigé une motion qui va dans le bon sens. Il s'insurge contre une loi «inutilement restrictive qui contribuerait à raviver les tensions, voire à discriminer toute une frange de la population». Et demande un «code de bonne conduite des religions à Genève».

On entend déjà s'étouffer d'indignation, notamment dans certains milieux radicaux, les partisans de la laïcité, ligne dure, canal historique. Ils auraient tort: la motion Mettan est empreinte d'ouverture et de tolérance. La vraie laïcité, c'est cela.