Une campagne en étoile filante

ÉLECTIONS • A peine lancée, déjà finie! Une campagne sur les chapeaux de roue s'achève. Elle fut vive, souvent joyeuse, avec un goût retrouvé du terrain, et une tonalité nouvelle, apaisée et respectueuse, donnée par un parti qui en fut l'une des révélations: les Verts libéraux.

  • Les candidats ont compris qu'il fallait serrer des mains.

    Les candidats ont compris qu'il fallait serrer des mains.

Nous avions prévu fin août, ici même, une campagne Blitzkrieg: nous n'avons pas été déçus! Jamais vu, en trente ans, une compétition électorale aussi prestement menée. Nous n'avons, tout simplement, pas vu passer ce mois de septembre, il s'est contenté de fuser, comme une étoile filante. Ce dimanche 6 octobre déjà, nous élisons le Grand Conseil et procédons au premier tour du scrutin pour le Conseil d'Etat. Quelques remarques sur cette campagne qui s'achève, en attendant celle du second tour de l'exécutif: cinq nouvelles semaines, eh oui, entre le lundi 7 octobre et le dimanche 10 novembre.

Le goût du terrain

Commençons par un point très positif. Les candidats ont retrouvé le goût du terrain. Ceux d'entre eux qui en veulent vraiment ont compris que rien ne valait le contact direct. On dit que Jacques Chirac, dans la campagne de mars 1978, où il a sauvé la peau de la droite face à une gauche qui se voyait déjà à Matignon, a serré un million de mains. C'est bel et bien dans l'intimité physique de la foule, sur les marchés, les stands, que se joue la différence. La présence sur les réseaux sociaux ne peut être conçue que comme un complément: elle ne remplace pas la vérité humaine d'une rencontre.

Pas de coups bas

Deuxième point: nous venons de vivre une campagne apaisée. Les partis, certes, se sont opposés, c'est bien le moins dans la dialectique démocratique, mais, à l'heure où j'écris ces lignes, sans graves dérapages, je dirais même nettement moins qu'il y a quatre ans. On se combat, on s'engueule, il est bien normal que le ton monte un peu, mais on s'est plutôt épargnés sous la ceinture, ce dont nul ne se plaindra. A coup sûr, les gens intelligents, dans les partis au pouvoir depuis bientôt huit décennies, sentent qu'il va falloir un peu partager le gâteau avec un mouvement qu'ils ont, toutes ces dernières années, rejeté dans la marge en le qualifiant de populiste. Ils commencent à se monter polis. Il était temps.

Révélation de la campagne

Et puis, il y a la tonalité donnée par certains nouveaux partis, au premier rang desquels il faut compter les Verts libéraux. Ils sont, comme Jean Lecanuet en 1965, la révélation de cette campagne. Ils lui apportent une fraîcheur, un sourire, une courtoisie, une compétence, une civilité. On aime ou non, on vote ou non pour eux (le quorum de 7%, ce sera évidemment très dur), mais il y a, véritablement, dans cette équipe de candidats bien formés et avec de solides expériences professionnelles, quelque chose de serein et de nouveau. A coup sûr, ils sont appelés à jouer, cette fois ou plus tard, un rôle dans la politique genevoise.

Colère montante

Dernier élément, sur lequel nous aurons l'occasion de revenir, la colère montante de partis non-gouvernementaux, au sein de la droite, face aux organisations patronales. Ces dernières, que ce soit la FER (Fédération des Entreprises romandes), la FMB (Bois et Bâtiment), la CCIG (Commerce et Industrie) sont tellement parties liées avec l'Entente, principalement le PLR, au point presque de s'y confondre, que bien des petits patrons ne s'y reconnaissent plus. Le MCG vient même de fonder sa propre association professionnelle. Ce mécontentement laissera des traces, et fera parler de lui lors de la prochaine législature.

«C'est bel et bien dans l'intimité physique de la foule que se joue la différence»