Circulation

  • ©OLIVIER JAQUET

L’autre jour, j’étais sur mon vélo, et je descendais une immense file de voiture. Je me suis dit c’est fou le nombre de gens coincés dans les bouchons! Nous les vélos, on n’est pas autant, et on passe tout droit. C’est pas juste!

En passant à côté, j’ai compté le nombre de voiture et de personnes dedans. Il y avait 13 personnes pour 12 voitures. Le temps que la file s’écoule, 11 vélos et un tram sont passés – un tram genevois peut contenir entre 182 et 394 personnes. Ça m’a fait relativiser. 13 personnes en voiture prenaient plus de place que 300 dans un tram. Quant aux vélos, ils sont peu visibles, mais ils permettent à beaucoup de se déplacer sans occasionner de bouchon.

A Genève, deux tiers de l’espace public est dévolu aux voitures pour seulement 27% des déplacements. N’importe qui sachant compter en tire une conclusion rapide: on a beau être pour «le libre choix du mode de transport», la voiture n’est pas une solution de gestion des flux. Même si on donnait toute la place aux voitures, ça ne suffirait pas à transporter tout le monde, simplement parce que les voitures prennent trop de place pour déplacer trop peu de personnes. Et si 73% des gens parviennent à se satisfaire d’un tiers de l’espace pour se déplacer à vélo, à pied ou en transports publics, c’est la preuve que les pistes cyclables et les voies de tram ne sont pas le problème mais bien la solution.

Le libre choix c’est très bien, mais au-delà des valeurs ou de l’émotionnel, il y a une histoire de faisabilité. On peut se fâcher que la terre soit ronde et qu’après l’hiver arrive le printemps, mais il serait peut-être plus pragmatique de s’y faire afin de s’équiper en conséquence.