Seniors, cassez la baraque!

RETRAITE • Aînés, ne passez pas à côté du Festival qu’organise pour vous l’Hospice général, du 10 au 17 mai. En attendant, pour Genève, une véritable politique des seniors, dynamique et inventive.

  • Il n’est pas acceptable que tant de retraités s’ennuient chez eux, des heures durant. ISTOCK

    Il n’est pas acceptable que tant de retraités s’ennuient chez eux, des heures durant. ISTOCK

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    Il n’est pas acceptable que tant de retraités s’ennuient chez eux, des heures durant. ISTOCK

«Mobilisons-nous pour réhabiliter l’aîné.»

Pascal Décaillet

Aujourd’hui, à 64 ou 65 ans, on prend sa retraite. D’un jour à l’autre, on passe d’une vie active à une existence passive, sur le plan professionnel. Pour beaucoup, le choc est dur à encaisser. On a beau avoir souhaité ce moment pendant des années, on a souvent de la peine à vivre cette nouvelle phase de sa vie, pourtant si riche de promesses. Cette situation n’est pas acceptable. Il ne suffit pas de laisser chacun se prendre en charge, et tant pis pour les autres. Il faut, à Genève, une véritable politique active, volontariste, en matière de seniors. Il s’agit, rappelons-le, d’une part croissante de la population: la fameuse pyramide à l’envers des courbes démographiques.

Fracture numérique

L’Hospice général donne le ton, avec un excellent Festival des Seniors, ouvert à tous, du 10 au 17 mai. Je vous donne l’adresse du site (www.cad-ge.ch), avec immédiatement une pensée (c’est là un problème majeur) pour les personnes âgées qui, justement, n’utilisent pas internet: la fameuse fracture numérique, l’une des plus importantes aujourd’hui, largement sous-estimée par les allègres quadras et quinquas qui constituent «les autorités». Pour ceux-là, donc, un numéro de téléphone: 022.420.42.80. L’idée est belle, le programme très varié, allant de contes à des concerts classiques, en passant par le groupe Le Beau Lac de Bâle, des dégustations et un défilé de mode. Rien à dire sur ce Festival, si ce n’est encourager les gens à s’y rendre. Allez sur le site, téléphonez, renseignez-vous.

Oisiveté forcée

Mais la démarche atteint des limites. S’il est magnifique de proposer mille activités aux personnes âgées, on ne saurait restreindre la politique face aux seniors à sa seule fonction récréative. La dignité d’un humain, quel que soit son âge, est de participer pleinement à la vie de la Cité. Il n’est absolument pas acceptable que tant de personnes à la retraite s’ennuient chez elles, en attendant que passent les heures. Face à cette oisiveté forcée, génératrice de déprime, la société a un devoir d’intégration. Tant de seniors ont du temps: profitons-en! Pourquoi la vie sociale, culturelle, le sentiment d’être utile devraient-ils s’arrêter à la fin de la période professionnelle? Pourquoi la vie politique n’intègre-t-elle pas mieux la sagesse et l’expérience des gens? Pourquoi limiter au bénévolat l’engagement des personnes âgées? Pourquoi ne pas continuer à confier à ceux qui le souhaitent des mandats professionnels? Pourquoi ne pas mettre en lien les seniors avec les jeunes?

Loin des ghettos

Oui, il faut à Genève une véritable politique cantonale, réveillée, dynamique, inventive, face aux seniors. Loin des ghettos. Loin du saupoudrage associatif. Il ne faut pas que les aînés se contentent de se laisser distraire, ou prendre en charge par des animateurs: il faut qu’eux-mêmes s’organisent, cassent la baraque. Regardez le succès d’un mouvement comme l’AVIVO: nous ne sommes pas, avec les seniors, dans un thème annexe, ni dans une marge de la société, mais au cœur de notre vie sociale. En conclusion, vive le Festival des Seniors, mais surtout mobilisons-nous tous pour réhabiliter l’aîné. Il s’agit, au fond, de notre dignité à tous, dans le fil commun de notre destin.