Isolé et essoufflé

CONSEIL D’ETAT • Moins de dix mois après son élection, le gouvernement genevois apparaît déjà, sur la scène politique, comme lâché par la plupart des formations, à l’exception de son noyau dur, l’Entente (PLR + PDC). Jeudi 28 août, le Grand Conseil lui infligeait un camouflet, en refusant le programme de législature présenté en juin. Un texte sans enjeu et sans intérêt, sans véritable choix ni priorités, un catalogue de la Redoute, ou de la Samaritaine, un fatras, sans fracas.

Sous n’importe quelle autre latitude, un gouvernement dont le programme est censuré par le Parlement devrait démissionner. A Genève, non. On pond ensemble, dans le labeur et la pesanteur, un document que l’on sait d’avance indigeste, les députés le refusent, mais cela n’a aucune importance: les ministres peuvent rester!

Surtout, entre l’opposition franche de la gauche et de l’UDC, et l’abstention du MCG (le bruit court que ce parti aurait un conseiller d’Etat), le vote de défiance montre l’extrême difficulté qu’aura ce gouvernement, pendant la législature, à obtenir des soutiens clairs du Grand Conseil. Au Conseil d’Etat, avec quatre magistrats, l’Entente est clairement surreprésentée. Elle ne représente aujourd’hui plus qu’un tiers de l’électorat. Toute arrogance ministérielle, notamment de la part du président du Conseil d’Etat, apparaît d’emblée comme déplacée. Oui, le ton va devoir changer.