Coup de Coeur / Griffe du 10.09.2014

CœUR Les habitants de Genève sont-ils bien conscients d’avoir un Jardin botanique d’une exceptionnelle qualité? De Rhodes à Corfou, du Proche Orient au lac Majeur, j’en ai visités de remarquables, souvent mieux situés que le nôtre, avec par exemple un point de vue en hauteur sur la mer. Mais je n’en connais aucun capable, en toute saison, de distiller une telle science, alliée à un tel charme. J’y ai passé des milliers d’heures de ma vie, depuis les toutes premières années, et j’ai la ferme intention de continuer! Sublime transport de la serre tropicale, par exemple, avec son humidité, ses noms latins, sa chaleur moite, ses parfums de voyage. Genève, grande tradition botanique, séculaire, peut s’enorgueillir d’un Jardin de rêve. J’en suis, tout simplement, amoureux.

GRIFFE Si les organisateurs du bicentenaire (1814, 1815) de l’entrée de Genève dans la Confédération veulent éviter le pataquès, ils ont sacrément intérêt à ouvrir, physiquement et intellectuellement, leurs manifestations au public le plus large possible. Car autour du 1er juin dernier, qu’avons-nous vu? Des autorités genevoises, déjà naturellement portées à une vieille consanguinité d’agapes et d’apéros, célébrant entre elles, le plus loin possible du fatras et du fracas du peuple, un événement historique majeur. Vous avez remarqué, à Genève, à quel point une petite clique de mondains – toujours les mêmes – s’étaient appropriés la mémoire? Pour parler clair, dans cette commémoration, on n’a vu pour l’heure que les commémorants. Le pouvoir qui prend en otage l’Histoire pour mieux se représenter lui-même au milieu du tableau.